Les gangs armés opérant dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince continuent à étendre leur emprise sur de nouveaux territoires. Ce contexte de violence affecte l’ensemble de la population ainsi que les groupes de la société civile dont Kay Fanm, partenaire de longue date du CS3R qui œuvre dans la défense des droits des femmes.
Les récentes nouvelles reçues de la part de Kay Fanm témoignent d’une situation extrêmement difficile mais également d’une résilience inouïe des femmes de cette organisation dans les circonstances actuelles.
Voici quelques extraits du dernier échange courriel avec elles :
« Je vous remercie de votre sollicitude envers nous. Le Comité de Solidarité Trois-Rivières a toujours été un partenaire attentif, ce qui est grandement apprécié.
Le contexte est en effet mortifère. La situation sécuritaire a conduit à des déplacements forcés parmi les membres de notre équipe. Les déplacements sont difficiles dans la capitale. Il en va de même pour la région où se déroule le projet, avec l'axe routier occupé par les gangs et les problèmes de logistique (pas d'électricité depuis des lustres, réseau téléphoniques défaillant). Néanmoins, nous faisons de notre mieux pour continuer à travailler, en nous adaptant autant que possible aux circonstances. Le quotidien reste difficile et est source de beaucoup d'inquiétudes et de stress.
La population est aux abois et on observe un départ massif vers l'étranger, en particulier des jeunes des deux sexes. Situation lourde de conséquences pour l'avenir.
Concernant la venue d'une force étrangère, l'attitude est mitigée dans une partie de la population qui voudrait pouvoir respirer, mais qui parallèlement garde en mémoire les échecs des missions antérieures. D'autres se montrent très sceptiques quant à l'efficacité d'une telle opération pour résoudre le problème de fond. Au niveau des organisations citoyennes progressistes, le refus de la venue d'une force étrangère est catégorique ce, d'autant plus que les efforts pour aboutir à une solution haïtienne n'ont pas été véritablement soutenues par la communauté internationale occidentale qui s'entête à soutenir un gouvernement de facto sans mandat, sans légitimité, sans contre-pouvoir. »
Rappelons que le CS3R, grâce à un financement du programme Nouveau Québec sans frontière du Ministère des relations internationales et de la Francophonie, appuie actuellement un projet mis en oeuvre par Kay Fanm visant à renforcer l’autonomisation économique des femmes et la promotion des droits des femmes en partenariat avec une association paysanne.
Le CS3R reste en lien étroit avec l’organisation féministe et reçoit de manière hebdomadaire des informations sur la situation sécuritaire du pays. Le CS3R appuie également l’organisation IRATAM situé dans le nord du pays pour renforcer les capacités locales et développer l’agroforesterie et l’agriculture durable.