Par françois poisson
En mars dernier voyait le jour Alternatives Bécancour, coalition de citoyens et de groupes écologistes dont le double objectif était de s’opposer à ProjetBécancour. ag, usine projetée d’urée et de méthanol, et de proposer des alternatives de développement cohérentes avec la lutte aux changements climatiques et la protection de l’environnement.
Pour ce qui est de s’opposer, notre stratégie s’est articulée autour 1º d’une campagne de lettres ouvertes, visant à contrebalancer les arguments des promoteur ; 2º d’une tournée des conseils de villes et de MRC de la région pendant laquelle nous avons croisé deux des 47 lobbyistes de l’usine ; 3º d’une convergence avec d’autres mobilisations environnementales comme La planète s’invite à l’université – UQTR et Vendredi pour le climat - Victoriaville, assortie de prises de parole lors de leurs manifestations ; et 4º d’une pétition déposée à l’Assemblée nationale, qui a eu le temps de récolter 200 signatures en quelques jours… avant l’abandon du projet!
Le lundi 30 septembre dernier, la nouvelle est en effet tombée comme une bombe: les promoteurs de ProjetBécancour.ag lançaient la serviette à cause de coûts et de délais imprévus.
LA MOBILISATION CITOYENNE Quel rôle la mobilisation citoyenne a-t-elle eu à jouer là-dedans? Questionné à ce sujet,
le porte-parole des promoteurs, Yvan Martin, rappelait qu’un sondage téléphonique avait fixé à 79% l’appui au projet dans la population. Quoi qu’il en soit, plusieurs personnes appartenant vraisemblablement au 21% ont félicité ou remercié Alternatives Bécancour pour cette victoire. Comme si un caillou dans un soulier pouvait faire toute la différence. Cependant, avant le lundi 30 est venu le vendredi 27, alors qu’un demi-million de personnes ont marché à Montréal pour le climat. Sans oublier les 4 000 de Trois-Rivières, les 2 000 de Drummondville et les près de 1 200 de Victoriaville…
Est-ce une victoire pour autant? Pour l’environnement, sans aucun doute! Pour les Québécois? De l’argent public a été investi dans cette aventure comme dans combien d’autres. Des fonds qui ne seront pas disponibles pour la nécessaire et pressante transition vers une économie et une société carboneutres…
POUR LA SUITE Qu’est-ce qui attend maintenant Alternatives Bécancour? D’abord, aider PureSphera, une usine de Bécancour qui recycle les appareils réfrigérants et détruit les halocarbures qu’ils contiennent, des gaz au pouvoir réchauffant plus de 10 000 fois plus grand que celui du CO2. En effet, PureSphera possède actuellement le moyen le plus rapide de diminuer nos émissions de GES grâce à une technologie qui, bien qu’elle existe, est grandement sous-utilisée. Ensuite, s’assurer que les compagnies gazières, qui lorgnent toujours vers nos régions, les oublient une fois pour toutes. Finalement, nous poursuivrons la convergence avec les autres grandes luttes environnementales, notamment Coalition Fjord, qui s’oppose à GNL Québec, LE méga-projet à abattre. Récemment, Coalition Fjord a effectué une tournée d’information avec des scientifiques en Abitibi et au Saguenay. Marc Brullemans, membre d’Alternatives Bécancour, en faisait partie. On poursuit donc ce qu’on a commencé, un combat entamé depuis longtemps en ce qui concerne plusieurs d’entre nous. Des renforts sont toujours les bienvenus.