pétrole, changements climatiques et migrations
Par Jean-yves proulx
Même s’il ne se passe pas une journée sans que nos actualités n’abordent le problème migratoire, certains aspects de cette délicate question ne reçoivent peut-être pas tout l’espace médiatique qu’ils le mériteraient.
« On s’inquiète face à la crise des migrants, mais beaucoup moins face aux problèmes qui sont à l’origine de ces migrations. Depuis 2014, on estime que 13 000 personnes se sont noyées dans la Méditerranée en tentant d’atteindre les côtes européennes » déplore Naomi Klein dans Dire non ne suffit plus, Contre la stratégie du choc de Trump.
Si on se doit de reconnaître à quiconque le droit d’émigrer, et à plus forte raison quand il est question de sécurité ou même de survie, ne devrait-on pas tout autant reconnaître aussi à quiconque le droit de ne pas devoir émigrer ? Se pourrait-il que les principaux pays aux prises avec de sérieux flots migratoires soient à l’origine de leurs problèmes ?
Dans leur plus récent livre, Pour vivre heureux, vivons égaux !, Richard Wilkinson et Kate Pickett nous illustrent de façon fort simple le problème des changements climatiques :
Représentez-vous un globe terrestre de bureau d’environ 30 centimètres de diamètre. Dites-vous que 95 % de notre atmosphère se trouvent contenus à l’intérieur d’une couche extrêmement fine entourant ce globe – l’équivalent d’un quart de l’épaisseur d’une carte de crédit. Maintenant, imaginez ce que cela fait d’injecter dans cette couche 36 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (ce sont nos émissions mondiales annuelles.)
Le réchauffement global de la planète ainsi généré fait fondre les pôles entraînant une montée du niveau des océans. Depuis la fin du XIXe siècle, les scientifiques estiment qu’il s’est élevé de 20 cm à un rythme de 1,7 mm annuellement. Il augmente maintenant de 3,2 mm par an. On estime qu’en 2100, cette élévation des océans aura atteint tout près d’un mètre. Or, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, 60 % de la population mondiale vit actuellement à moins de 150 km des côtes. On estime aujourd’hui à 42 millions le nombre de réfugiés environnementaux à l’échelle mondiale. Dans l’hémisphère sud seulement, selon un rapport récent de la Banque mondiale, en 2050, plus de 143 millions de personnes auront ainsi été contraintes à migrer.