Par claude lacaille
Septembre 2019 aura été un mois de réveil mondial pour notre Terre menacée. La jeune génération saute de plain-pied dans la lutte pour la protection de l’environnement sur tous les continents. Elle n’hésite pas à interpeler les adultes qui lui lèguent une planète agonisante. Patrick Lagacé, journaliste de La Presse, écrivait dans sa chronique du 21 septembre dernier : « Ils sont beaux, ils forment une force politique qui s’éveille, et c’est ça, l’idée de prendre la rue : transformer des volontés individuelles en capital politique à prendre. Mais je crains que la force d’inertie politique formée par ceux qui détestent les Greta de ce monde – ceux qui ne veulent rien, rien, absolument RIEN changer à leur et à notre mode de vie – ne soit plus forte encore. »
En effet, il faut prendre conscience que ce combat est titanesque. Il exige qu’on affronte les grandes multinationales du pétrole, les minières, l’industrie agroalimentaire et de puissants États cherchant à accaparer les ressources naturelles. En Amérique du Sud, le bilan des luttes qui se donnent est très lourd. Global Witness affirme qu’au moins 207 militants et militantes des droits à la terre et activistes environnementaux ont été tués en 2017 dans 22 pays. C’est l’industrie agroalimentaire, et non plus l’extraction minière qui est désormais devenue l’industrie dans laquelle les défenseurs sont le plus menacés. Le rapport At What Cost? indique que certains gouvernements et certaines entreprises sont complices des assassinats : « On assassine des activistes locaux parce que les gouvernements et les entreprises accordent plus de poids au profit rapide qu’aux vies humaines. Les étagères de nos supermarchés sont remplies de produits issus de ce carnage. Or les communautés courageuses qui résistent aux fonctionnaires corrompus, aux industries destructrices et à la dévastation environnementale sont brutalement réduites au silence. C’en est assez. »
Au Brésil, le 6 septembre dernier, un fonctionnaire du gouvernement brésilien chargé de la protection des populations autochtones isolées de l’Amazonie, Maxciel Pereira dos Santos, a été abattu alors qu’il se rendait dans une communauté amazonienne à moto. Il travaillait depuis 12 ans pour la FUNAI (Fondation nationale de l’Indien)
à la protection et au développement des communautés autochtones. Une vingtaine d’assassinats semblables ont été commis au Brésil. Le président actuel du Brésil, Jair Bolsonaro, n’y va pas de main morte dans sa campagne pour s’emparer des terres autochtones afin d’y développer le secteur agroalimentaire en Amazonie. Il est même allé jusqu’à dire : « La cavalerie étasunienne a bien fait, car elle a décimé les peuples autochtones dans le passé et, aujourd’hui, ils n’ont plus ce problème dans leur pays. »
Selon l’Organisation nationale autochtone de Colombie, 158 leaders autochtones ont été assassinés depuis la signature des accords de paix avec le gouvernement de Juan Manuel Santos, dont 94 l’an dernier seulement. En quatre ans, plus de 462 assassinats de militants et militantes pour les droits humains ont été commis uniquement dans ce pays
Sachons que nous faisons face à un ennemi terrible qui n’hésitera pas à frapper durement pour défendre ses intérêts. Soyons solidaires avec tous ceux se battant pacifiquement, avec courage et persévérance, et tout particulièrement avec les peuples autochtones. La jeunesse prend la tête d’un mouvement irréversible et nous redonne espoir qu’UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE. Appuyons-les!