Par Gabrielle Chénier
étudiante à la maîtrise en études des conflits (Université Saint-Paul)
Magazine Le Point, Novembre 2020
Chaque jour, partout dans le monde, les gens prennent l’une des décisions les plus difficiles de leur vie : quitter leur domicile à la recherche d’une vie meilleure. La plupart des gens ont vécu l’expérience de quitter l'endroit où ils ont grandi. Mais pour certaines personnes, elles devront quitter leur pays - parfois pour une courte période, mais parfois pour toujours. Ce sont des millions de personnes qui doivent fuir en raison de conflits armés, de persécutions ou de catastrophes naturelles. Certaines ne se sentent plus en sécurité et pourraient avoir été ciblées pour leur appartenance ethnique, leur religion, leur sexualité ou leurs opinions politiques. En 2019, 79,5 millions de personnes ont été déplacées de force selon le UNHCR (l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés) et l'OIM (Organisation internationale pour les migrations). Il y a actuellement 26 millions de personnes réfugiées dans le monde.
Pourquoi les gens quittent-ils leur pays? Il y a bien sûr la violence, la guerre, les persécutions et les conséquences des changements climatiques qui forcent les gens à migrer. Mais il y a aussi, la faim, l’extrême pauvreté ou la recherche de meilleures conditions de vie et de nouvelles opportunités (scolaires, professionnelles) qui amènent les gens à vivre ailleurs. Plusieurs souhaitent rejoindre de la famille ou des ami·e·s qui vivent déjà à l’étranger. Il y a de nombreuses raisons de commencer un voyage pour construire une vie dans un nouveau pays. C’est pourquoi il est important de distinguer ces personnes les unes des autres afin de mieux les représenter.
Quelle est la différence entre un réfugié, un demandeur d'asile et un migrant? Il est essentiel de comprendre leurs différences en raison des mythes et incompréhensions entourant ces termes. Les termes ont une signification distincte et ne peuvent être confondus si l’on veut bien représenter et protéger ces populations.
Personnes réfugiées
Selon le UNHCR, une personne réfugiée a été forcée de fuir son pays à cause de la persécution, de la guerre ou de la violence. Une personne réfugiée craint d’être persécutée pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d’opinion politique ou d'appartenance à un groupe social particulier. Les personnes réfugiées sont des personnes qui ont peur de retourner dans leur pays d’origine ou qui ne peuvent pas le faire. Beaucoup résident dans des camps de réfugié·e·s, où elles reçoivent une aide internationale.
Personnes demandeuses d’asile
Les personnes demandeuses d’asile sont celles qui fuient leur pays et vont dans un autre pour y demander l’asile dans l’espoir d’obtenir le statut de réfugié·e ou d’asile. Contrairement aux personnes réfugiées qui ont reçu ce statut, les demandeurs ou demandeuses d’asiles sont en attente du traitement de leur demande. Chaque personne réfugiée fait d’abord une demande d'asile. Le UNHCR rapporte qu'il y avait 4,2 millions de personnes demandeuses d’asile dans le monde en 2019.
Personnes migrantes
Finalement, les personnes migrantes ne quittent pas leur pays par crainte d'être persécutées, mais pour d’autres raisons. Certaines d’entre elles quittent leur pays parce qu’elles veulent travailler, étudier ou rejoindre leur famille. D’autres estiment qu’elles doivent partir en raison de la pauvreté, des troubles politiques, de la violence des gangs, des catastrophes naturelles ou d’autres circonstances graves qui existent dans leur pays d’origine. Contrairement aux réfugié·e·s qui ne peuvent pas rentrer chez eux en sécurité, les migrant·e·s pourraient rentrer chez eux s'ils le souhaitent.
Selon le UNHCR, toutes les 3 secondes une personne est déplacée dans le monde. Il y aurait donc 20 personnes nouvellement déplacées chaque minute. En 2019, il y a eu plus de 30,000 nouveaux déplacements chaque jour. Beaucoup de gens se sentent engloutis par les chiffres et voient les gens traverser les frontières comme une crise mondiale. Cependant, il est important de se rappeler que les personnes ne sont pas le problème. Chaque être humain a une histoire et sa propre identité. « Réfugié », « migrante » et « demandeur d’asile » ne sont que des termes temporaires; ils ne reflètent pas toute l’identité des femmes, des enfants et des hommes qui ont quitté leur foyer dans l’espoir d’avoir une nouvelle et meilleure vie dans un nouveau pays.