Par Gabrielle Chénier
étudiante à la maîtrise en études des conflits (Université Saint-Paul)
Magazine Le Point, Novembre 2020
Alors qu’un nombre croissant de personnes migrent pour fuir les guerres et la persécutions dans le monde, les messages haineux sur les réseaux sociaux ont explosé. Des opinions virulentes, des discours de peur, des messages de haine et de la colère y foisonnent. Tous ont des opinions, des avertissements, des inquiétudes, une haine abondante et de la fureur. Sous de nombreuses formes, les utilisateurs et utilisatrices des médias sociaux sont confrontées à des discours rencontrent des déclarations et des commentaires explicitement racistes et anti-migrants, ou encore ils et elles y sont participent activement.
Les discours de « crise » migratoire entourant l’exode massif de personnes migrantes fuyant les conflits et la pauvreté alimentent les peurs, les préjugés et même la haine envers ces personnes. Elles sont perçues comme « l’Autre » par les populations locales et ceci entraîne des perceptions déformées et conduit à des réactions violentes au sein des sociétés d’accueil. Les médias, et en particulier les médias sociaux, ont le pouvoir d’influencer les perceptions. Ils jouent donc un rôle important quant aux représentations et perceptions à l’égard des populations migrantes. Ce contexte médiatique toxique a un impact considérable sur les droits et libertés des personnes migrantes du monde entier.
« Nous devons tous nous rappeler que les crimes de haine sont précédés d’un discours de haine, » a déclaré Adama Dieng, Conseiller spécial de l'ONU pour la Prévention du Génocide: « nous devons garder à l’esprit que les mots tuent. Les mots tuent comme des balles ».
L'ONU est préoccupée par le fait que les populations migrantes sont présentées comme un problème économique qui drainerait les ressources publiques. Pourtant, les États membres de l'ONU ont reconnu les contributions positives des personnes migrantes à une croissance inclusive et au développement durable de leur économie. Cet état de fait n’est cependant pas toujours reconnu et compris par tous et toutes dans les sociétés d’accueil. Malgré les politiques progressistes défendues par certains gouvernements, les populations migrantes continuent d'être présentées dans les médias comme des « terroristes potentiels » et des « menaces à la sécurité nationale ». Selon l'ONU, il ne faut pas non plus sous-estimer la solidarité envers les personnes migrantes. Toutefois, la montée mondiale des discours xénophobes et racistes est bien réelle. Cette hausse coïncide avec la montée des groupes nationalistes de droite qui soutiennent les valeurs ultraconservatrices occidentales et la suprématie blanche.
« Nous devons tous nous rappeler que les crimes de haine sont précédés d’un discours de haine, » a déclaré Adama Dieng, Conseiller spécial de l'ONU pour la Prévention du Génocide: « nous devons garder à l’esprit que les mots tuent. Les mots tuent comme des balles ». Un sombre rappel que le discours de haine est intrinsèquement lié à la violence et est l’un des premiers pas vers les massacres. Il faut se référer au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) de 1976. Le Pacte souligne l’importance de la liberté d’expression, mais attire également l’attention sur les responsabilités qui en découlent.
Les sociétés doivent faire leur possible afin de protéger les intérêts des communautés et de sauvegarder les droits de chaque individu. Il faut trouver un équilibre qui protège la liberté d’expression ainsi que les droits des personnes migrantes en tant qu’êtres humains. La communauté internationale doit reconnaître le rôle de la société civile dans la création de politiques publiques visant à freiner la propagation du discours haineux. Nous devons nous attaquer aux causes de ces discours de haine et à l’impact de ceux-ci au sein de nos sociétés. Il faut étudier la relation entre l’utilisation abusive de l’Internet et des médias pour diffuser des discours de haine, et les facteurs qui poussent les individus vers la violence.
Mais au-delà de ces responsabilités institutionnelles, la réalité est que des milliers de personnes publient chaque jour du contenu haineux sur leurs réseaux sociaux, appelant parfois explicitement à des actions violentes contre les populations migrantes et d’autres groupes vulnérables.
Que pouvons-nous faire pour lutter contre ce discours de haine et son contenu? Voici quelques suggestions sur la manière dont nous pouvons aider selon l'OIM. :
• Exprimez-vous contre la haine. Les mots ne sont pas inoffensifs, et le silence et l’apathie peuvent être considérés comme une acceptation de la haine;
• Créez du contenu positif qui charme et se concentrer sur des messages puissants et universels qui nous unissent à travers nos valeurs communes;
• Évitez de partager des vidéos et des photos sensationnelles qui diffusent de la désinformation et des narratifs négatifs;
• Signalez les abus et la désinformation aux plateformes de médias sociaux;
• Signalez aux autorités lorsqu’une personne est menacée dans son intégrité physique.