À quoi donc devrait ressembler la démocratie au 21e siècle ? Le modèle démocratique traditionnel peut-il faire face aux nombreuses crises qui nous attendent ? Chose certaine, ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce n’est pas de l’inertie ou de la protection du système, mais bien de l’innovation, de la transformation et de la refonte des systèmes de gouvernance.
Rappelons-le, la démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui est relativement récente. En effet, si l’idée d’un système de gouvernance dans lequel le peuple détient l’autorité et l’exerce directement ou indirectement à travers un système représentatif n’est pas neuve, la démocratie moderne, elle, ne date que de la fin du 18e siècle. Depuis, un gouvernement est notamment jugé démocratique si ses dirigeants et dirigeantes sont choisies par le truchement d’élections équitables, s’il garantit les libertés civiles fondamentales et s’il respecte l’État de droit. Passées d’exceptions à véritables normes, les démocraties ont par ailleurs connu un développement rapide, à l’échelle mondiale, au milieu du 20e siècle.
Et pourtant, au tournant du 21e siècle, il semble que la démocratie fait face à des menaces croissantes. De nombreux défis, tels que la corruption des élites, le clientélisme en passant par la disponibilité accrue des mégadonnées, mettent ce système à rude épreuve. Résultat : nous nous retrouvons avec des systèmes de santé inadéquats, une augmentation des injustices structurelles, une forte dégradation de l’environnement et une crise climatique.
Pas étonnant que certain(e)s analystes en appellent à un nouveau contrat social, non seulement pour relever ces défis, mais pour reconstruire une nouvelle société. Partant du constat selon lequel les gens se méfient davantage aujourd’hui des institutions démocratiques et des gouvernements, des milliers de personnes ont commencé, un peu partout autour du globe, à prendre les choses en main pour changer la donne et contribuer à une prospérité plus équitable.
Une démocratisation de la démocratie consisterait donc à consacrer du temps et des ressources aux formes participatives de prise de décision. Les assemblées citoyennes et les dialogues nationaux devraient mener à la prise de décision gouvernementale, et le pouvoir et les ressources devraient être décentralisés vers les communautés locales dans une perspective d’inclusion. Par exemple, quoique refusé par référendum, le processus chilien menant vers un nouveau texte constitutionnel a su canaliser les forces politiques et sociales en effervescence vers les instances démocratiques. De même, face à la crise sociopolitique et aux violences que vit Haïti, les mouvements sociaux et politiques proposent « une solution haïtienne » à celles-ci. L’Accord de Montana présente en effet « un cadre de gouvernance qui permettra à l’État de sortir du chaos pour mieux servir le peuple ». Ainsi, ce sont les mouvements sociaux qui doivent être mis à l’avant-scène et les gouvernements, eux, doivent être réceptifs à leurs demandes.
Bâtir des démocraties plus robustes, résilientes et ayant à cœur le bien commun tout en faisant la promotion d’une éthique de la solidarité est capital pour l’avenir de nos sociétés et constitue un défi que nous devons relever ensemble.