texte par gabrielle chénier
paru de le nouvelliste
du 7 février 2022
Depuis la crise mondiale des réfugiés de 2015, le nombre de personnes qui sont demandeuses d’asile dans les pays occidentaux a considérablement augmenté. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés estime qu’en 2019, il y avait 79,5 millions de personnes déplacées dans le monde. Parmi ces personnes, 4,2 millions étaient demandeuses d’asile. Face à ce contexte, de nombreux pays occidentaux ont renforcé leurs restrictions en matière de demandes d’asile.
En 2019, plus de 10 000 personnes ont demandé l’asile au Japon. Il n’est pas rare que les délais d’attente suivant une demande de statut de réfugié atteignent plus de 12 mois. Le gouvernement japonais n’approuve qu’un nombre infime des quelque 8 000 demandes de statut de réfugié qu’il reçoit chaque année. En 2018, seuls 42 des 10 493 demandeurs ont obtenu le statut de réfugié ou de résident spécial, soit 0,4 % d’entre eux. Lorsque leur candidature est rejetée, ils sont déportés ou incarcérés dans l’un des 17 centres de détention pour immigrants du Japon.
Sur les 1 253 personnes qui étaient détenues en juin 2019, on estime que 54 % l’étaient depuis au moins six mois. Même que plusieurs d’entre elles y sont aussi détenues pendant de nombreuses années, certaines plus de 5 ans. Pour protester contre les détentions prolongées, des dizaines de grèves de la faim ont eu lieu dans plusieurs centres de détention au Japon ces dernières années. En 2019, un homme nigérien détenu depuis plus de 3 ans est mort de faim alors qu’il faisait une telle grève. Plus récemment, une femme du Sri Lanka est morte en mars 2021.
Selon un rapport d’Amnesty International publié en 2020, les droits des réfugiés et demandeurs d’asile sont grandement bafoués au Japon. Ils subissent un traitement discriminatoire par le biais de détentions arbitraires et prolongées. Un ex-employé d’un centre de détention dans l'est du Japon a révélé que certains membres du personnel « méprisaient » les détenus en utilisant un jargon déshumanisant envers eux. Face aux détentions à durée indéterminée et au traitement horrible subi dans ces centres, de nombreuses personnes développent des souffrances psychologiques et physiques. Toujours selon Amnesty, sept personnes ont perdu la vie dans les centres de détentions pour migrants entre 2015 et 2019 au Japon étant donné les mauvaises conditions et le manque de soins médicaux. Il y a aussi eu des allégations de punitions violentes, d’agressions sexuelles et d’humiliations racistes infligées par des agents de l'immigration, des gardiens de prison ou des policiers.
Les personnes détenues sont souvent maltraitées en raison de leur race, leur ethnicité ou de leur nationalité. Le rapport d'Amnesty International met en lumière le sort des personnes originaires de Chine, du Danemark, d'Égypte, d'Iran, d'Irak, de Corée du Sud, du Népal, du Nigéria, du Pakistan, du Pérou et des États-Unis.
Pour protéger les droits humains des réfugiés au Japon, il est essentiel que les politiciens japonais se souviennent et respectent la Constitution du Japon ainsi que le droit international. L’article 97 de la Constitution stipule que « Les droits humains fondamentaux garantis au peuple japonais par la présente Constitution sont les fruits de la lutte séculaire de l’homme pour être libre ». En outre, l'article 14 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule : « Toute personne a le droit de chercher et de bénéficier dans d’autres pays de l’asile contre la persécution ». La vie et les droits humains de tous les habitants du Japon, quelle que soit leur nationalité, race, ethnicité ou statut d’immigration, doivent être respectés et protégés.
Sources:
https://mainichi.jp/english/articles/20191111/p2a/00m/0na/005000c
https://thediplomat.com/2020/09/the-desperation-of-japans-detained-asylum-seekers/
https://thediplomat.com/2021/03/japans-changing-immigration-and-refugee-policy/
https://foreignpolicy.com/2021/03/23/japan-immigration-law-change-asylum-seekers-refugees/
https://www.amnesty.org/en/documents/asa22/3065/2020/en/