Pollutions de l’eau, de l’air, des sols… entraînant une multiplication de maladies chroniques non transmissibles : affections chroniques des voies respiratoires, Alzheimer, cancer, diabète, maladies cardiovasculaires, Parkinson et troubles musculo-squelettiques. Une multiplication de pandémies dont la COVID-19 ne sera malheureusement pas la dernière selon les recherches de Marie-Monique Robin dans La fabrique des pandémies. Extinction de nombreuses espèces. Et cette crise climatique qui menace l’existence même de l’humanité. Plus que jamais, il est nécessaire d’allier le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté et de la sagesse. C’est ce que nous proposons ici au moyen d’une réflexion sur des ouvrages récemment parus qui abordent les enjeux contemporains les plus urgents.
Extraire, fabriquer, consommer, jeter : une routine occidentale quotidienne, d’éternels Sisyphes à la recherche du bonheur. Un mode de vie propulsé par un battage publicitaire de plus en plus envahissant et dont les moteurs se classent aujourd’hui parmi les entreprises les plus prospères de la planète, dont Google et Facebook.
Les immenses porte-conteneurs qui sillonnent les océans transportant vers les régions les plus pauvres, les déchets dont la minorité la plus riche ne sait plus que faire, témoignent de notre consommation débridée. La masse des déchets plastiques dans les océans va bientôt dépasser la masse totale de leurs poissons. Nous consommons annuellement l’équivalent de 1,7 fois ce que notre biosphère peut générer.
Et la folie s’accélère : depuis que Margaret Thatcher nous a dit qu’il n’y avait pas d’alternative au capitalisme, la richesse se concentre entre les mains d’individus de moins en moins nombreux : le 1 % le plus riche accapare à lui seul le tiers de l’augmentation totale du revenu mondial, deux fois plus que les 50 % les plus pauvres. Qui plus est, cette minorité fortunée contrôle maintenant les États en les mettant en compétition les uns avec les autres. Lequel de ces États, par exemple, osera interdire sur son territoire les entreprises qui profitent des paradis fiscaux? Comment expliquer que le ministère de l’Environnement du Canada (3e rang des pays émetteurs de CO2 par habitant dans le monde en 2021) donne son feu vert à l’exploitation du pétrole dans le projet Bay du Nord?
La Théorie du donut de Kate Raworth illustre bien le défi que nous devons relever. Le trou de ce beigne représente le seuil minimal permettant la survie de l’humanité, en bas de ce seuil, c’est l’extinction. Le contour de ce beigne correspond au capital que notre biosphère peut générer en une année, il ne s’agit alors que de répartir cette richesse de façon à ce que nous puissions tous vivre heureux. Cette illustration de la situation a le mérite d’être simple.
L’ennui, pour reprendre les mots du docteur en économie Jacques Généreux, c’est que « l’intelligence rationnelle n’est qu’un potentiel de l’esprit humain, ce n’est pas un réflexe; en revanche, nous avons bien un mode de pensée réflexe qui, lui, n’a absolument pas été conçu pour la recherche rigoureuse de la vérité ». La thèse que développe Sébastien Bohler, docteur en neurologie, dans son livre Le bug humain, nous en explique la cause : « le cerveau humain est programmé pour poursuivre quelques objectifs essentiels, basiques, liés à sa survie à brève échéance : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, le faire avec un minimum d’efforts… le striatum libère une molécule, la dopamine, qui a deux effets : procurer un sentiment de plaisir, et renforcer les circuits de commande neuronaux qui ont supervisé l’opération avec succès… notre comportement est principalement déterminé par le striatum, et non par la raison. » Très efficace, le capitalisme en est probablement la preuve la plus spectaculaire. Pour paraphraser l’économiste et philosophe Kenneth Boulding, pour croire en une croissance infinie dans un monde fini, nos leaders sont soit des fous, soit des économistes. Force nous est de constater que la main invisible nous mène droit dans le mur! Ce qui a permis à l’Homo sapiens de survivre jusqu’à nos jours risque maintenant de l’emporter.
La solution ? Mettre la compétition de côté et passer à L’Entraide, l’autre loi de la jungle, proposent les docteurs en biologie Pablo Servigne et Gauthier Chapelle.