Les médias rapportaient dernièrement que plus de 500 soldats canadiens sont stationnés en Lettonie, une république balte, dans le cadre des engagements du Canada envers l’OTAN face à l’agression russe en Ukraine. Alors que le Canada s’engage résolument dans l’aide tous azimuts en Ukraine, un rapport des Nations Unies faisait état de la présence de 59 militaires canadiens au sein des Forces de maintien de la paix, et ce, en date du 30 novembre 2021, ce qui plaçait le Canada au 68e rang à ce chapitre.
Est-ce là la politique étrangère canadienne ?
La réponse n’est pas simple. Historiquement, le Canada a acquis une certaine réputation à la suite d’événements majeurs comme sa participation aux deux guerres mondiales, l’accueil de millions de réfugiés, mais surtout avec la mise sur pied des troupes de maintien de la paix en 1956. Le ministre des Affaires étrangères d’alors, Lester B. Pearson a même obtenu le prix Nobel de la paix pour cette initiative en 1957. C’est le même personnage qui, au début des années 1960, proposa que les pays riches consacrent 0,7 % de leur richesse à l’aide publique au développement. Plusieurs ont décrit cette période comme étant les plus belles années de la présence du Canada dans le monde. Mais depuis, les choses ont changé.
Ce n’est pas d’hier que le Canada recule au chapitre de son influence sur la scène mondiale. Nos relations avec les États-Unis nous empêchent-elles d’élargir la sphère d’influence canadienne et de manifester notre souveraineté en matière politique internationale? Pas vraiment. Les exemples ne manquent pas. Ainsi, le Canada a refusé de participer à l’aventure américaine en Irak. Le retrait de l’accord de Paris sur le climat par le gouvernement Harper en 2011 a été l’initiative des conservateurs canadiens. Mais que manque-t-il donc au Canada pour réaffirmer sa place dans le monde? La solution comporte deux volets importants: des priorités et de la volonté politique.
En 2015, le gouvernement Trudeau, nouvellement élu, avait promis que le Canada redeviendrait un acteur majeur dans l’octroi de personnel pour les missions de maintien de la paix. Hormis un petit contingent déployé au Mali de l’été 2018 au mois d’août 2019, le gouvernement libéral a systématiquement refusé toutes les demandes de l’ONU depuis ce temps. Conséquence: c’est l’une des causes de l’élimination de la candidature canadienne pour un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies. Depuis 2015, cinq ministres des Affaires étrangères se sont succédé à Ottawa, ce qui en dit long sur le manque de continuité au sein de ce ministère.
La dernière initiative canadienne d’importance à l’échelle internationale remonte à l’année 1997, soit l’adoption d’un traité sur l’utilisation des mines antipersonnel ou encore la Convention d’Ottawa. La révision en profondeur de la politique étrangère canadienne remonte à l’année 2005. Depuis, ce dossier reste lettre morte dans la capitale fédérale.
Le Canada veut toutefois s’engager dans le chantier d’une politique extérieure féministe, c’est-à-dire de tenir compte dans ses engagements des droits des femmes. En ce sens, ce fait positif a été appuyé au moyen d’une telle clause dans l’accord de libre-échange avec le Chili et d’une initiative pour favoriser une plus grande participation féminine aux opérations de maintien de la paix.
Il s’agit là d’initiatives morcelées qui ne figurent dans aucun tout cohérent. Comme le soulignent plusieurs experts, le Canada a besoin d’une boussole au chapitre de sa politique étrangère, une boussole qui ne pointe pas systématiquement vers les États-Unis, mais plutôt vers la défense de nos intérêts économiques. Le Canada a donc des choix à faire et le tout devient urgent.