Par ALICe Grinand
Il y a tout juste 20 ans, les États-Unis connaissaient la série d'attentats la plus meurtrière jamais commise, durant laquelle près de 3000 personnes périrent. Les images de la destruction des tours jumelles du World Trade Center ont largement fait le tour du monde. Mais depuis ?
11 septembre 2001, une date historique pour les États-Unis autant que pour le monde entier. Ces attentats-suicides produisent un véritable choc, alors que le pays se voyait, depuis la chute de l'Union soviétique en 1991, comme l'unique victorieux de la Guerre froide. Le politologue américain Francis Fukuyama parle même de la « fin de l'Histoire » pour évoquer le triomphe idéologique du modèle américain de démocratie et de libéralisme. Cette attaque sur le sol américain, qui paraissait pourtant inconcevable à l'époque, marque une rupture avec un monde qui se croyait alors unipolaire.
Légende : Le 11 septembre 2001 marquera durablement les esprits, mais aussi le début de guerres « contre le terrorisme », dont le bilan est, vingt ans plus tard, plus que mitigé.
Crédits : National Park Service – Wikimedia Commons
C'est à la suite de ces événements que les États-Unis, et les pays occidentaux derrière eux, entrent dans la guerre totale contre le terrorisme (« Global War on Terror »), le nom donné par l’administration de George W. Bush, président de l'époque, aux campagnes militaires faites en riposte aux attentats du 11 septembre.
Dès octobre 2001, Washington lance une offensive militaire contre l'Afghanistan, dont le régime taliban héberge Oussama Ben Laden, considéré comme le principal responsable des attentats. Washington vient juste de quitter le pays, 20 ans plus tard. En mars 2003, Bush poursuit sa lutte contre le terrorisme en menant une guerre dite préventive contre l'Irak, en affirmant, à tort, que le pays de Saddam Hussein détiendrait des armes de destruction massive. Les dernières forces américaines sont supposées quitter le pays d'ici la fin de l'année. En 2012, les États-Unis soutiennent l'opposition au régime syrien de Bachar Al-Assad, dont le pays est entré en guerre civile une année plus tôt. Les premières frappes aériennes ont débuté en septembre 2014, notamment pour contrer l’État islamique, et l'action américaine en Syrie n'est toujours pas achevée aujourd'hui.
Pour quel bilan ?
Après vingt ans de guerre contre le terrorisme, quel bilan peut-on en tirer, alors que Joe Biden a annoncé la volonté de se retirer du Moyen-Orient ? Des milliers de milliards de dollars de dépenses militaires américaines, des centaines de milliers de vies, principalement syriennes, irakiennes et afghanes, des millions de déplacés et des pays exsangues politiquement et économiquement. Un bilan aussi effarant que les retombées politiques sont nulles.
Daech, qui est né sur les ruines des bombes américaines, est grandement affaibli, mais la mouvance djihadiste est bel et bien toujours présente, comme en témoignent les attentats réguliers au Moyen-Orient, et notamment en Irak. Le pays est en outre ravagé par la misère et la corruption, sans parler de la pandémie. Les soldats américains n'étaient pas encore partis d'Afghanistan que les Talibans, ceux-là même que les États-Unis ont prétendu vouloir chasser, reprenaient le contrôle du pays. La Syrie ne semble pas voir le bout d'une guerre civile aux multiples belligérants.
Le code des règlements fédéraux des États-Unis définit le terrorisme comme « l'utilisation illégale de la force et de la violence contre des personnes ou des biens pour intimider ou contraindre un gouvernement, la population civile, ou toute partie de celle-ci, pour atteindre des objectifs politiques ou sociaux ». La guerre totale contre le terrorisme menée par les États-Unis ne pourrait-elle pas correspondre à cette définition ?