Depuis janvier, les progressistes américains ont de quoi se réjouir. En prenant le contrôle de la Maison-Blanche, le 46^e président des États-Unis Joe Biden a promis de réaliser des réformes majeures. Jusqu’à présent, il répond aux attentes. À titre d’exemples, son arrivée a correspondu avec une accélération de la campagne de vaccination, faisant passer les États-Unis de cancres à leaders de la lutte à la pandémie de COVID-19¹. Économiquement, des plans de relance colossaux ont été présentés au Congrès : d’abord un plan d’aide de 1900 milliards de dollars, ensuite un plan d’investissement de 2300 milliards de dollars. Ces chiffres sont tellement démesurés qu’il est ardu d’en mesurer toute la portée. Retenons tout de même que l’objectif est d’assurer une relance économique verte en tout respect des impératifs de justice sociale et fiscale.

À cela, ajoutons les promesses d’augmentation d’impôts aux plus riches, les objectifs ambitieux de réduction de gaz à effets de serre, le désir clair de lutter contre le racisme, le souhait de rétablir le traité sur le nucléaire avec l’Iran. En somme, à peine quelques mois après son assermentation, tout indique que Joe Biden pourrait être le digne héritier des présidents les plus progressistes de l’histoire, de Franklin D. Roosevelt (1933-1945), ou de Lyndon B. Johnson (1963-1969).

Biden est pressé d’arriver à des résultats. D’aucuns diront que c’est en raison de son âge avancé et qu’à l’instar du « pape de transition » Jean XXIII (1958-1963), il pourrait surprendre et léguer un héritage progressiste et durable bien plus riche qu’attendu initialement. D’où l’intérêt de la politique américaine actuelle, car les décisions prises par le géant ont des conséquences directes sur celles d’ailleurs, du Canada notamment. Pensons aux enjeux climatiques. Ce n’est pas un hasard si, depuis l’arrivée de Biden, le premier ministre Justin Trudeau semble lui-même se verdir et se fixer des objectifs plus ambitieux en matière de lutte aux changements climatiques (réduction de 45 % des émissions d’ici 2030).

Légende : La pandémie a fait reculer le PIB américain de 3,5 % en 2020 (la pire année depuis 1946) et le taux de chômage réel a dépassé les 10 %. Malgré les véritables intentions environnementales, l’administration Biden souhaite d’abord redorer le blason économique des États-Unis et renouer avec une période de croissance durable.
Crédit image : Gage Skidmore , Wikimedia Commons