PAR EMMANUELLE BEAUMIER
publié dans La Gazette de la Mauricie de JANVIER 2020
Déjà en 1795, le philosophe allemand Emmanuel Kant proposait un projet de paix perpétuelle. Si l’histoire a su nous démontrer l’ampleur d’un tel projet, les idées du philosophe Kant ont le mérite d’avoir traversé les âges et inspiré des générations d’humanistes.
En novembre dernier, à la suite de l’activité de simulation de l’ONU organisée par le projet Citoyen.ne.s du monde et de chez nous, les jeunes participants ont pu assister à une conférence de Daniel Landry, sociologue et professeur au collège Laflèche, au cours de laquelle il a été question des succès et des défis de l’ONU. Voici un résumé des idées énoncées lors de la discussion qui a suivi cette conférence.
Tout d’abord, si la simulation du Conseil de sécurité vécue par les participants a su mettre en lumière une certaine opposition entre une vision idéaliste de l’ONU et une vision réaliste et pragmatique de l’organisme, on notera cependant qu’il est important de rester nuancé et non seulement cynique à l’égard de cette organisation internationale.
Par exemple, des missions sur le terrain suivant les objectifs du millénaire ont cours un peu partout sur le globe et récoltent de bons résultats. Nous pouvons notamment penser au progrès dans le domaine de l’éducation des femmes ou encore dans les programmes alimentaires qui combattent la malnutrition et la sous-alimentation. En ce sens, à long terme, les initiatives de l’ONU savent se montrer efficaces. En outre, l’organisation fournit une expertise dans plusieurs domaines tels que l’alimentation ou les changements climatiques et produit des rapports indispensables pour les orientations qu’adoptent les États. De plus, l’ONU contribue au maintien de la paix en constituant un lieu d’échange privilégié pour la diplomatie et le multilatéralisme.
Cela dit, on peut tout de même relever un bon nombre de défauts de l’ONU sous sa forme actuelle. Et plus particulièrement ceux de son Conseil de sécurité, qui, avec ses membres permanents, témoigne d’une époque révolue. Effectivement, la question se pose : les puissances qui siègent en permanence à ce conseil sont-elles réellement les plus appropriées ? Par conséquent, ce Conseil de sécurité est-il suffisamment représentatif ? Si on comprend que le droit de veto accordé aux membres permanents a été une façon de réunir ces grandes puissances autour d’une même table sans trop contraindre leur souveraineté, peut-on dire aujourd’hui que ce dispositif est juste ?
Enfin, cette activité de simulation de l’ONU a su soulever son lot de questions et les discussions qui en ont découlé auraient certainement fait plaisir au philosophe Kant. Ce genre d’initiative amène assurément ses participants à devenir plus critiques et à ainsi faire hommage à la devise des lumières : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement. »