Le Canada est-il vraiment de retour ?
Par Jean-claude landry et jean-marc lord. Collaboration spéciale.
Publié dans La gazette de la mauricie de mars 2020
Élu pour la première fois en 2015, Justin Trudeau s'est exclamé sur toutes les tribunes internationales « Le Canada est de retour », comme pour marquer une rupture avec les années Harper qui elles, ont été caractérisées par un désintéressement prononcé à l'égard des instances internationales et un alignement parfait sur la politique étrangère des États-Unis. Tout cela allait changer. Mais après un premier mandat de 4 ans et à l'aube d'un second, Justin Trudeau remplit-il sa promesse de redonner au Canada le rôle positif qu'il avait naguère dans le monde ? La question se pose à l'heure où le Canada est en campagne pour l'obtention d'un siège au Conseil de sécurité de l'ONU.
L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT EN DIMINUTION
Le budget que les pays développés consacrent à l'aide publique au développement (APD) est un bon indice de l’intérêt qu'ils portent à l'égard de la réduction de la pauvreté dans le monde. L'APD a toujours joué un rôle important dans le choix des membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Sous le gouvernement libéral de Justin Trudeau, le Canada fait à peine un peu mieux (0,26 % du PIB) que sous celui des conservateurs de Stephen Harper (0,24 %). Loin de son engagement historique de 0,7 % et très loin de la Norvège, pays concurrent du Canada pour un siège au Conseil de sécurité et qui consacre 1 % de son PIB à l'APD.
LES DROITS DES CIES MINIÈRES AVANT LES DROITS HUMAINS
Grâce à une législation accommodante, le Canada accueille le plus grand nombre de sièges sociaux de compagnies minières dans le monde (plus de 1000). Ces compagnies, actives partout sur le globe pour exploiter notamment l'or, l'uranium, le fer, les terres rares et le lithium, sont fréquemment mises en cause dans les affaires de corruptions, de travail des enfants, et même d’assassinats d'opposants à leurs projets. L'émission ENQUÊTE rendait compte récemment des activités douteuses de l'une de ces compagnies (Cosigo Resources) en Colombie. Le gouvernement Trudeau a créé un poste d'ombudsman pour s'assurer du bon comportement à l'étranger des entreprises canadiennes, mais sans les moyens nécessaires pour assumer adéquatement ses responsabilités.
Des compagnies minières canadiennes sont fréquemment mises en cause dans les affaires de corruptions, de travail des enfants, et même d’assassinats d'opposants à leurs projets.
Justin Trudeau - Premier ministre du Canada
DROITS INTERNATIONAL ÉLASTIQUE - LE CAS DE LA PALESTINE
En vertu du droit international, nombre d'agissements du gouvernement israélien envers les Palestiniens sont illégaux. L'ONU ne cesse de réclamer, en vain, la fin de la colonisation juive en terre palestinienne et le retrait de l'armée israélienne des territoires qu'elle occupe illégalement depuis 1967. Officiellement, le Canada appuie les résolutions de l'ONU, mais dans les faits, le gouvernement continue de tolérer de graves violations du droit international et des droits humains de la part de l'État d’Israël. Il va même jusqu'à condamner publiquement la campagne BSD (Boycott. Désinvestissement et Sanctions), une campagne internationale pacifique visant à convaincre l'État d’Israël de respecter les droits internationalement reconnus du peuple palestinien.
NOS CONSEILS POUR JUSTIN TRUDEAU
Un « Canada de retour » sur la scène internationale fait référence à une époque où le pays était respecté et pouvait sérieusement prétendre à un rôle de médiateur pour régler pacifiquement des conflits entre nations et belligérants. Cette attitude facilitait l'obtention d'un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies quand le Canada posait sa candidature.
Le Canada serait en meilleure position, face à ses concurrents, la Norvège et le siège qu'il convoite, si le gouvernement prenait les mesures suivantes :
- Cesser de s'aligner systématiquement sur la politique étrangère des États-Unis;
- Respecter et promouvoir le droit international en toute situation;
- Cesser de vendre des armes au régime rétrograde d'Arabie Saoudite (l'Allemagne et d'autres pays le font);
- Appuyer officiellement la création d'un État palestinien (138 pays le font)
- Donner l'exemple en vue de l'atteinte des objectifs de réduction des GES;
- Réduire son budget militaire au lieu de l'augmenter et promouvoir la paix.