Par Caroline Côté. Collaboration spéciale.
Le 1er novembre 2019, l’état d’urgence sanitaire a été décrété à New Delhi, capitale de l’Inde. À cause de la forte pollution de l’air, des écoles et des chantiers ont été fermés et des masques de protection ont été distribués. Plusieurs vols ont été soit retardés, soit détournés vers les villes voisines, principalement en raison des problèmes de visibilité. Le gouvernement a mis en place, comme à chaque année, la circulation alternée : on ne peut rouler qu’une journée sur deux, en fonction du numéro de plaque d’immatriculation (qui finit par un chiffre pair ou impair).
Pourtant, rien de tout cela n’est nouveau : à New Delhi, des épisodes de forte pollution de l’air se produisent à tous les ans, en octobre et en novembre. Cette « brume » de pollution pénètre partout : dans les maisons, les bureaux, les galeries de métro… et dans les poumons ! Celle-ci cause notamment des difficultés respiratoires, de la toux et des maux de tête, en plus d’irriter les narines et les yeux des habitants de New Dehli. On lui doit aussi l’augmentation des risques de maladies pulmonaires et cardiovasculaires.
Une pollution aux causes multiples
Les causes du pic de pollution atmosphérique observé récemment à New Delhi sont nombreuses. La capitale compte plus de 20 millions d’habitants et comme les transports en commun sont sous-financés, on retrouve plus de 11 millions de véhicules sur les routes de la capitale. À la pollution causée par tous ces véhicules s’ajoute celle du secteur industriel. En octobre et en novembre, il y a aussi les nombreux feux de combustion de récolte (brûlis) dans les États voisins, cause d’environ 40% de la pollution de l’air actuelle.
Pourquoi donc le smog qui recouvre New Dehli ne se dissipe-t-il pas ? Au début du mois de novembre, l’air étant froid, il ne monte pas suffisamment haut pour disperser une bonne partie des polluants. De plus, les vents étant trop faibles et les précipitations peu nombreuses, le smog de pollution se retrouve piégé dans la capitale.
Revendications pour des mesures plus efficaces
Plusieurs condamnent les autorités sur leur inaction et sur l’inefficacité des mesures. Il existerait pourtant des subventions pour aider les agriculteurs à s’équiper en machineries agricoles afin d’abandonner l’agriculture sur brûlis, mais une grande partie des montants serait détournée et les subventions ne parviendraient que peu ou pas aux agriculteurs. Les mesures pour favoriser le transport en commun, diminuer la pollution générée par les industries ou favoriser les énergies renouvelables, pourraient elles aussi être plus efficaces.
Ce problème de pollution de l’air se reproduit chaque année, ce qui a pour conséquence de diminuer la qualité de vie et l’espérance de vie des citoyens. En effet, une exposition à long terme aux particules fines augmente les risques de développer des maladies cardiovasculaires ainsi que le cancer des poumons. En 2017, 1,2 million de personnes en Inde seraient décédés de façon prématurée, à cause de la pollution de l’air. À l’échelle mondiale, l’OMS estime que sept millions de décès par année sont causés par la pollution de l’air.
Cette carte illustre l’exposition annuelle moyenne aux particules fines, en fonction des pays. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le seuil annuel à ne pas dépasser est de 10 mg/m3. Plus l’exposition à ces particules augmente, plus les risques de développer des problèmes de santé sont élevés. Sur cette carte, on constate que l’Inde fait partie des pays avec la plus grande exposition, et que le Canada fait partie des pays dont l’exposition est en-dessous du seuil fixé par l’OMS.
Des mesures de la qualité de l'air sont prises plusieurs fois par jour, à chaque jour. Les traits représentent la moyenne des indices de qualité de l'air pour chaque mois. On s'aperçoit qu'à New Delhi, l'indice moyen de la qualité de l'air dépasse très souvent le seuil de 160, considéré comme étant « mauvais pour la santé », et même le seuil de 200, considéré comme étant « très malsain ». Si on compare avec Trois-Rivières ou Montréal, l'indice moyen mensuel n’y a jamais dépassé 50, avec un indice de qualité de l'air considéré comme étant « bon ». Ces villes sont toutefois très différentes de New Delhi, autant par le nombre de citoyens que par les activités qui s'y déroulent.