PAr Pierre Lavergne. Collaboration spéciale.
Pour les pays du Sud, l’automne, saison des ouragans, est souvent synonyme de dévastation. Début septembre 2019, 2500 personnes ont perdu la vie lors du passage de l’ouragan Dorian aux Bahamas. En 2016, l’ouragan Matthew avait quant à lui causé la mort de plus de 1000 personnes dans la région des Caraïbes, notamment en Haïti. En 2017, 3 millions de personnes avaient été affectées par l’ouragan Irma et des centaines de milliers de maisons avaient été détruites à Cuba, alors que seulement 10 décès avaient été rapportés par les autorités. Les victimes avaient refusé d’être évacuées. Comment expliquer que Cuba enregistre l’un des plus bas taux de mortalité lors de catastrophes naturelles?
Un effort de groupe
En 1963, l’ouragan Flora cause la mort de plus de 7000 personnes sur son passage dont 1200 à Cuba seulement. Voyant l’inefficacité du système en place, le gouvernement cubain décide alors de créer la Défense Civile. Parmi les différents mandats confiés à cette organisation, on compte la tenue d’un exercice national annuel de prévention en cas de désastres naturels auquel prennent part non seulement les politiciens, mais également les administrations provinciales et locales, les pompiers, l’armée cubaine ainsi que les antennes de la Croix-Rouge présentes dans chaque municipalité.
En fait, l’ensemble de la population est invitée à prendre part à l’exercice. Médecins, enseignants, comités de femmes et comités de quartiers examinent ensemble les plans d’urgence et évaluent chaque année les procédures établies. Présents dans chaque quartier, les services sociaux et les Comités de Défense de la Révolution disposent de listes recensant l’ensemble des personnes âgées et des personnes à mobilité réduite pouvant nécessiter d’être déplacées. Les écoles primaires participent également aux efforts de prévention en offrant aux élèves des cours sur le climat et les phénomènes cycloniques.
De la théorie à la pratique
Lors de la tenue d’un exercice préventif, les citoyens sont informés des endroits où trouver refuge pour assurer leur protection advenant un ouragan. Il peut s’agir de « structures en dur », d’abris gérés par l’État, ou tout simplement du domicile d’un proche dont l’habitation est en mesure d’assurer une protection adéquate. Un poste médical est également installé dans les abris gérés par l’État.
À l’approche d’un ouragan, c’est à la Défense Civile de déclencher l’alerte. S’enchaîne alors une série de mesures d’intervention, en commençant par la « phase informative » suivie, au besoin, de « la phase d’alerte cyclonique » qui permet à la population de réagir adéquatement à la situation. Les médias sont alors mis à contribution en diffusant les instructions de circonstances.
L’exemple de Maisí
En 2016, alors même que le Comité de Solidarité de Trois-Rivières y réalisait un projet de coopération, l’ouragan Matthew a frappé de plein fouet la région de Maisí à Cuba. Une grande énergie avait ensuite été déployée pour l’effort de reconstruction, le gouvernement cubain ayant rapidement libéré les sommes nécessaires pour permettre aux familles sinistrées de reconstruire leur maison.
Une reconstruction qui prend du temps
Malheureusement, malgré les efforts du gouvernement, Cuba ne se remet que tranquillement des dégâts causés par les ouragans Irma, Maria et Matthew. Renforcé par le président Trump, l’embargo des États-Unis contre Cuba rend l’achat de matériaux à l’étranger plus difficile, ce qui expliquerait en grande partie la lenteur des travaux de reconstruction du pays.
Début septembre 2019, 2500 personnes ont perdu la vie lors du passage de l’ouragan Dorian aux Bahamas.