Par Elizabeth Leblanc-Michaud. Collaboration spéciale.
Depuis le début de l’année 2019, la liste des États américains ayant voté des lois restreignant l’avortement ne cesse de s’allonger. Après la Géorgie, l’Ohio et le Mississippi, c’est au tour de l’Alabama, de la Louisiane et du Missouri de réduire drastiquement l’accès à cette pratique très controversée aux États-Unis. Au Canada, plusieurs ont manifesté craindre le retour du débat sur l’avortement sur les scènes publique et politique. Devant les plus récents évènements, voyons ce qui en est ailleurs dans le monde.
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est légale dans la majorité des pays d’Europe. Complètement interdite en Andorre, sa pratique est restreinte en Italie, en Pologne, à Malte et à Monaco. L’avortement est également illégal dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine comme la République démocratique du Congo, le Honduras, le Salvador, le Gabon, la Syrie, la Mauritanie, l’Égypte, la République dominicaine, les Philippines, le Laos et le Nicaragua. Sa pratique est aussi considérablement limitée dans de nombreux autres pays comme l’Arabie Saoudite, la Jordanie, le Liban, le Qatar, la Côte d’Ivoire, la Corée du Sud, l’Ouganda, la Syrie, l’Afghanistan, le Yémen, le Bangladesh, la Birmanie, l’Iran, le Sri Lanka, le Guatemala, le Paraguay ou encore le Venezuela et l’Argentine.
Privées de leur droit à un avortement sécuritaire et encadré, de nombreuses femmes à travers le monde se font avorter dans la clandestinité. Évidemment, la chose n’est pas sans danger. Les interventions n’étant pas encadrées, les risques de développer une infection potentiellement mortelle sont accrus. Dans plusieurs pays du monde comme au Maroc et en Corée du Sud, les femmes ayant recours illégalement à l’IVG risquent également de lourdes peines de prison.
Dans des pays d’Asie comme la Chine, l’Inde, le Vietnam et le Népal, l’avortement est légalisé, voire même encouragé lorsque le fœtus se révèle être de sexe féminin. Pour des raisons patrimoniales, économiques et religieuses, les naissances masculines y sont davantage valorisées. Ce processus de sélections engendre son propre lot de problèmes en renforçant notamment les inégalités entre les hommes et les femmes. Que ce soit dans un pays comme la Chine où l’avortement sert à contrôler les naissances, ou en Égypte où l’IVG est strictement interdite, on persiste à vouloir contrôler le corps des femmes. On les prive de leurs droits à la sécurité, à la liberté et à l’autodétermination.
Bien que l’avortement soit légalisé depuis 1988 au Canada, son accès n’en demeure pas moins restreint. À l’Île-du-Prince-Édouard par exemple, la première et seule clinique où peut être pratiquée une IVG a vu le jour il y a un peu moins de deux ans, faisant de cette province la dernière au pays à offrir ce service. Pour beaucoup de femmes vivant dans des régions plus éloignées, la distance les séparant de la clinique la plus proche ne facilite pas les choses. Non seulement sont-elles dans l’obligation de manquer du travail, mais elles doivent parfois faire de longues heures de route pour avoir recours aux soins nécessaires. Au Canada, ce n’est donc pas le droit à l’avortement que l’on devrait questionner, mais bien son manque d’accessibilité.
Aux États-Unis, la liste des États ayant voté des lois restreignant ou interdisant l’avortement ne cesse de s’allonger. Au Canada, on craint l’influence que pourrait avoir ces nouvelles législations sur les scènes publique et politique.