Ce sont plus de 1000 élèves issus de 34 classes de 6 écoles de la Mauricie et du Centre-du-Québec qui ont participé à la 5e édition du concours « La lettre ouverte, un outil citoyen »
Organisé par le Réseau In-Terre-Actif, secteur jeunesse du Comité de Solidarité/Trois-Rivières, ce concours vise à faire prendre position aux étudiants participants sur un enjeu contemporain au moyen d’une lettre ouverte. À la suite de la lecture d’un dossier de textes exposant différents points de vue sur la gestion de l’eau, les jeunes de 4e et 5e secondaire ont dû répondre par écrit à la question « Doit-on mieux protéger notre eau? »
Cette année, le concours « La lettre ouverte, un outil citoyen » s’est tenu en collaboration avec la Commission scolaire du Chemin-du-Roy et la Société d’étude et de conférences Mauricie/Centre-du-Québec par l’entremise du Fonds Thérèse D. Denoncourt.
Voici donc les trois textes gagnants de l’édition 2019 du concours « La lettre ouverte : un outil citoyen ».
De gauche à droite. Jonathan Bradley, directeur général de l’école secondaire des Pionniers, Julien Gamache, membre du jury, Jimmy Chabot, chargé de projet au Comité de Solidarité/Trois-Rivières et membre du jury, Alice Beccaria, lauréate du deuxième prix, école secondaire des Pionniers, Eric Brullemans, lauréat du premier prix, école secondaire des Pionniers, Madeleine Sauriol, membre du jury de la Société d’Études et de Conférences de la Mauricie-Centre-du-Québec, Luc Martin, enseignant de français à l’école secondaire des Pionniers.
1er PRIX
HARO SUR LE STATUT DE L’EAU
Eric Brullemans
École secondaire des Pionniers
L’eau, un des cinq éléments essentiels selon Aristote, fut le berceau de la vie sur terre et demeure une condition sine qua non à l’existence de la vie humaine. Si l’eau parait intrinsèque à la vie de l’Homme, elle est néanmoins la cause de tensions sociales et politiques des plus vives. Le débat entourant la protection de l’eau – physique et économique – a fait couler beaucoup d’encre. Je fais le pari qu’une meilleure protection est nécessaire pour assurer la pérennité de la ressource. Puisqu’un déficit d’eau est imminent et puisque son accès démocratique est menacé par une privatisation aveuglée par les mirages du libéralisme.
Premièrement, la pérennité du liquide est menacée par un déclin constant des réserves d’eau douce conjugué à une demande croissante. À moyen terme, le pronostic est alarmant. Selon un rapport émouvant de l’Organisation des Nations Unies (ONU), « si les pratiques actuelles de consommation demeurent les mêmes, la planète ne disposera que de 60% de l’eau dont elle aura besoin en 2030. » Ô combien ces chiffres sont effarants! Une pénurie de cette ampleur mettrait en péril des industries et des écosystèmes entiers et de surcroît les sécheresses seraient de plus en plus fréquentes. Voyez-vous les conséquences cataclysmiques d’une telle situation? Bref, la croissance démographique pousse la demande toujours plus haut alors que les réserves s’amenuisent à cause des précipitations de plus en plus erratiques, si bien que sans une meilleure protection, le déclin des réserves sera fatal.
Deuxièmement, la privatisation de la gestion de l’eau et sa régulation par le liber-marché risquent de rendre son accès moins démocratique. Si l’eau ne fut pas incluse dans la Charte des droits de l’Homme tant sa nécessité parait évidente, sa distribution déjà inégale ne peut que s’accroître si sa gestion est assurée par l’entreprise privée dans une optique de maximisation des profits. Jadis, au 18e siècle, Adam Smith, père de l’économie de marché, déjà, criait haro sur les éventuels dérapages de l’autorégulation du marché – la main invisible – à cause de la nature avide de l’homo economicus. En ce sens, l’intrusion du privé dans la gestion de l’eau constituerait une atteinte à la démocratie.
Ainsi, considérant qu’un grave déficit d’eau point à l’horizon; soulignant que la privatisation de l’eau est impensable de par sa nature vitale, il ne fait nul doute que ce liquide doit faire l’objet d’une protection accrue, cela afin de garantir son caractère démocratique, autant que possible. Alors l’humanité et ses avancées sont à même de résoudre la problématique car selon l’aphorisme de Hölderlin, « là où croît le péril, croît aussi ce qui le sauve ».
2e PRIX
PROTÉGER NOTRE EAU, SAUVEGARDER LA VIE
Alice Beccaria
École secondaire des Pionniers
L’eau couvre plus de 70% de la surface de la Terre, aussi baptisée planète bleue, et, pourtant, il s’agit d’une ressource menacée. Hélas, l’eau douce accessible, constante indispensable dans nos vies quotidiennes, ne constitue qu’un faible pourcentage. À ce propos, une question ne peut que faire surface sur toutes les lèvres : doit-on mieux protéger notre eau? Il est clair à mes yeux que oui, nous devons absolument sauvegarder ce bien précieux afin d’éviter les conflits autour de ce besoin vital et de prévenir un déficit d’eau global.
Tout d’abord, je considère qu’une gestion plus attentive de cette ressource pourrait contribuer à empêcher le déclenchement d’ultérieures disputes sur ce sujet. Effectivement, à ce jour, on recense déjà de nombreux peuples qui ont été impliqués dans une longue série de conflits armés. Ces tensions peuvent concerner logiquement l’accès aux provisions d’eau, mais, également l’emploi des systèmes hydrologiques comme moyen de pression politique et arme de guerre : dans ce dernier cas un exemple est l’apartheid de l’eau au détriment des palestiniens. De plus, les litiges ne peuvent que s’intensifier à mesure pour les réserves se raréfient. À ce titre, comme le Centre Europe-Tiers-monde l’a exposé dans son texte, « la privatisation de l’eau est une violation des droits de l’homme », et seul « la réaffirmation du droit à l’eau, et son traitement en tant que droit de l’homme, permettra d’éviter des futurs conflits – que certains prédisent – autour de cette denrée devenue rare et assurera la survie des générations futures. » N’est-il pas évident à vos yeux, citoyens du monde, qu’il faut changer l’approche à l’égard de l’or bleu? Selon moi, il est impératif de protéger un bien qui, dorénavant, sera de plus en plus limité et, en conséquence, contesté.
Ensuite, je pense qu’on devrait sérieusement améliorer notre façon d’utiliser cet élément essentiel, car sa rareté croît grandement ainsi que le risque d’une pénurie d’eau mondiale. En effet, le changement climatique influence le cycle de cette ressource en péril : les précipitations augmentent, mais les glaciers, réserves cruciales d’eau douce, fondent très rapidement. Ainsi, à cause de la croissance démographique, la demande de cette denrée s’accroît, alors que les provisions diminuent. Sur le site La Presse, un article de Katy Daigle nous le démontre avec les données d’un rapport onusien : « Si les pratiques actuelles de consommation demeurent les mêmes, la planète ne disposera que de 60% de l’eau dont elle aura besoin en 2030 […] ». N’est-ce pas choquant? Pour moi, ce l’est. Le danger que dans à peu près dix années le monde sera immobilisé par une pénurie d’or bleu est bouleversant. Bref, je suis persuadée que des meilleurs efforts pour la conservation de ce patrimoine universel sont nécessaires afin d’éviter une néfaste carence de ce produit qui ne peut pas être remplacé.
En conclusion, la recherche de solutions pour une protection de l’eau plus efficace est la condition préalable à la survie du genre humain : en effet, elle permettrait de limiter la recrudescence des prochaines disputes et de pallier le terrible manque de provisions qui s’annoncera prochainement. Sommes-nous conscients que nous allons laisser aux générations futures une planète qui n’est plus aussi bleue?
3e PRIX
SAUVONS L’EAU DES MAINS DE L’HUMANITÉ
Amy Gérin-Lajoie
Académie Les Estacades
Du moyen-âge jusqu’au 19e siècle, l’homme a eu recours aux porteurs d’eau pour en assurer la distribution. Après 1900, il a déplacé les sources de ce liquide vital sur son lieu de vie, entre autres par le creusage de puits, la construction de citernes et l’installation de fontaines. De nos jours, nous y avons accès par l’entremise d’un robinet. Où veux-je en venir avec cela, ma demanderez-vous? L’eau a depuis toujours fait partie intégrante de nos vies. Cela va donc de soi de se poser la question suivante : devons-nous mieux la protéger? Je suis d’avis qu’il faut effectivement offrir une meilleure protection à ce don de la vie.
À première vue, nous nous devons de mieux la protéger puisque nous n’en avons pas à profusion. Théoriquement, il est vrai qu’il y a 3% d’eau douce sur notre terre, mais nous n’avons accès qu’au tiers de cette donnée, soit 1%. D’ailleurs, selon un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) de 2015, « le monde pourrait devoir composer avec une pénurie d’eau de l’ordre de 40% d’ici à peine 15 ans si les États ne révisent pas profondément leur façon d’utiliser la ressource.» Tout y est dit. Avez-vous encore des doutes quant à la véracité de mes propos? Réalisez-vous l’ampleur de la crise qui cogne à nos portes? Évidemment que nous devons mieux protéger ce qui nous tient en vie! Même Hubert Reeves en est venu à cette conclusion dans ses écrits. Il a dit : « À l’échelle cosmique, l’eau est plus rare que l’or. » Ce n’est pas faux, vous savez! Nous devons protéger ce qui nous est indispensable à tout prix car nos réserves se vident à vue d’œil et le besoin ne fait qu’augmenter.
Ensuite, il faut se rappeler que l’eau est indispensable à la vie humaine. Alors pourquoi la gaspillons-nous autant? Si nous regardons nos habitudes de consommation, nous pouvons observer notre utilisation massive de l’eau. Juste en Amérique du Nord, 350 litres par jour son gaspillés. Et que dire à propos de l’agriculture industrielle intensive? Celle-ci fait usage de 80% des ressources disponibles. C’est sans parler de l’industrie, qui en consomme en moyenne 280 000 litres pour une seule tonne d’acier ainsi que 700 litres par kilogramme de papier. Que sommes-nous devenus? Il ne nous vient guère à l’esprit que nous nuisons à notre planète, en plus de nuire à nos descendants. Nous prenons encore et encore, sans rien donner en retour. Nous demandons encore et encore, sans être reconnaissants pour ce que nous possédons déjà. Nous sommes une plaie pour notre environnement. Si nous continuons à ce rythme, nous devrons bientôt trouver une autre planète où habiter, comme dans Dans une galaxie près de chez vous et nous aurons tellement vidé à sec nos ressources que nous devrons dépendre de canettes d’air pur Perri-Air comme dans le film Spaceballs. Et tout ça, dites-moi, pour quelle raison? Parce que nous aurons omis de réduire notre utilisation massive d’un liquide miraculeux et de le protéger adéquatement.
En définitive, je crois fermement que nous devrions mieux protéger notre eau, pour de multiples raisons. Tout d’abord, elle ne coule pas torrentiellement. De plus, nous l’utilisons comme si nous en avions des tonnes, ce qui est loin d’être le cas. Ne voyez-vous pas que la solution est simple? Réduisons notre consommation afin de préserver ce patrimoine naturel qui a maintenu de nombreuses générations antérieures à flot. Agissons ensemble pour sauver l’eau des mains de l’humanité.