PAR DANIEL LANDRY. COLLABORATION SPÉCIALE.
Aux États-Unis comme dans bien d’autres pays du monde, plusieurs attendent avec impatience les prochaines élections américaines. Bien que beaucoup souhaitent voir Donald Trump perdre la Maison-Blanche le 3 novembre prochain, ses partisans demeurent encore nombreux. Pour s’assurer la défaite de Trump, et plus largement celle des républicains, il serait dans l’intérêt des démocrates de se positionner fortement et clairement sur l’échiquier politique au moment de choisir leur candidat à la présidence.
Au début du mois de mai dernier, l’institut Gallup publiait un sondage indiquant que la cote de popularité du controversé président avait franchi la barre des 45 %. Et chez les républicains, c’est 90 % des gens qui approuvent leur président. Bonne chance à celui ou celle qui voudra ravir ces votes, car on le sait maintenant, Trump est un président Téflon. Peu importe ce qu’il dit (faits alternatifs) ou fait (inconduite sexuelle), ses supporters restent derrière lui. Jamais n’a-t-on vu autant de maquillage politique ou d’interprétations loufoques devenant vérité absolue. Jamais n’a-t-on tant discrédité et si peu écouté les journalistes et les scientifiques. De quoi rappeler de véritables scènes orwelliennes.
Dans un tel contexte, les démocrates n’ont d’autres choix que de présenter un adversaire qui saura camper clairement ses positions, de l’autre côté du spectre politique. Joe Biden indique vouloir « sauver l’âme de l’Amérique » en ravissant le pouvoir à Trump. Pourtant, Biden ne représente rien de plus qu’un gage de continuité par rapport au président modéré Obama. Il incarne le camp défensif, c’est-à-dire celui de ceux et celles qui veulent éviter le pire (quatre années de plus pour Trump). Biden n’offre cependant pas de position antagoniste claire ni de propositions inspirantes.
Le contexte se prête pourtant à des transformations majeures pour l’Amérique. La personne qui succédera à Trump devra énoncer des positions claires et radicales en matière environnementale. Elle devra également lutter contre la pauvreté et s’attaquer de plein fouet à l’évasion fiscale. Elle devra défendre coûte que coûte les acquis en matière de droits humains (accès à la santé, à l’avortement, et à l’éducation). Elle devra aussi faire de la lutte aux armes à feu son cheval de bataille. Sur le plan international, la personne succédant à Trump devra positionner les États-Unis comme leader de la coopération Nord-Sud et du multilatéralisme. Le chantier est vaste, mais l’histoire récente nous démontre que bon nombre d’Américains ont soif de changements. Deux exemples récents en témoignent : Occupy Wall Street (2012) et la campagne de Bernie Sanders (2016).
Bien qu’on ait tendance à caricaturer les États-Unis comme le pays de l’argent, de la droite, de l’individualisme et du self-made man, il faut aussi se rappeler que ce pays est capable de grandes réalisations en matière de justice sociale. Il est le pays de la fin de l’esclavagisme (1865), du développement du syndicalisme (début du XXe siècle), du New Deal (années 1930), de la lutte pour les droits civiques (années 1960) et de la naissance de l’altermondialisme (Seattle, 1999). Il demeure encore et toujours le berceau d’une pléthore de mouvements progressistes dans les milieux militants, au sein des campus universitaires ou chez les scientifiques.
L’Amérique peut-elle se permettre d’attendre quatre autres années avant de remplacer Trump? Pire, peut-elle se permettre un successeur en demi-teinte et soi-disant progressiste? Les partisans des démocrates sauront-ils assumer leur virage à gauche jusqu’au bout? Seul les prochains mois sauront nous dire lequel des candidats démocrates est les plus apte à offrir une alternative véritable à Trump.
Pour s’assurer la défaite de Trump, et plus largement celle des républicains, il serait dans l’intérêt des démocrates de se positionner fortement et clairement sur l’échiquier politique au moment de choisir leur candidat à la présidence.