par alice grinand. collaboration spéciale
Avez-vous déjà entendu parler des PEID, soit les petits États insulaires en développement? Ou alors connaissez-vous l’Alliance des petits États insulaires? Ces petits États, comme les Maldives, Vanuatu ou les Seychelles par exemple, sont grandement vulnérables aux changements climatiques de par les conditions géographiques et climatiques de leurs territoires. Leur existence même est menacée.
Situés à peu près au niveau de la mer, la montée des eaux menace directement l’intégrité de leurs territoires en grugeant leurs littoraux et fait peser une épée de Damoclès sur leurs populations : seront-elles d’ici peu des réfugié-e-s climatiques? La montée des océans n’est en outre pas le seul enjeu que suscitent les changements climatiques pour ces pays, souvent densément peuplés et très isolés : l’insécurité alimentaire est un réel risque, autant que leur capacité d’adaptation face aux changements climatiques est limitée.
C’est au Sommet de la Terre de Rio en juin 1992 que ces États ont été officiellement reconnus comme groupe par les Nations unies. 39 États membres de l’ONU font partie de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS – Alliance of Small Island States), en plus d’autres territoires insulaires, non autonomes ou non membres de l’ONU. Réunissant 63 millions d’habitant-e-s, ces petits États produisent moins de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Leur poids sur la scène internationale est dérisoire, et leur avis ne pèse que peu ou pas du tout dans les décisions internationales.
Le salut de ces États résidera donc dans l’action internationale, comme le rappelaient certain-e-s de leurs représentant-e-s lors de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre 2018. C’est d’ailleurs principalement dans ces États que se trouvent les premiers gouvernements à avoir ratifié l’Accord de Paris de 2015, accord historique à portée universelle sur le climat. Lors de la COP21, qui avait débouché sur l’Accord de Paris, le message des États insulaires était clair : un accord juridiquement contraignant serait essentiel pour assurer leur existence.
Les migrations climatiques ont déjà commencé pour de nombreuses populations de ces États. Ainsi, les quelque 10 200 habitantes et habitants de Tuvalu, État insulaire de 26km2 situé dans le Pacifique, n’auront vraisemblablement d’autre choix que d’avoir tous déménagé d’ici la fin du siècle.
Les gouvernements des pays insulaires du Pacifique, Tuvalu, Fidji, les îles Kiribati et Tonga et de Nouvelle-Zélande sont parvenus en 2001 à un accord sur le programme d’immigration Pacific Access Category (PAC), offrant ainsi aux habitant-e-s de ces petits pays menacés une porte de sortie. Néanmoins, le nombre de personnes admises se fait au compte-gouttes.
Bien que la Nouvelle-Zélande ait déclaré, fin 2017, envisager créer un visa pour les réfugié-e-s climatiques, cette question ne préoccupe pas suffisamment la communauté internationale alors que la Banque mondiale estimait l’an dernier qu’il pourrait y avoir 143 millions de réfugié-e-s climatiques d’ici 2050.
Les plages paradisiaques du petit État insulaire de Vanuatu sont grandement menacées par les changements climatiques et la montée des océans. En grignotant le littoral, c’est l’intégrité du territoire qui est en péril, et avec elle le milieu de vie de milliers de personnes. Crédit : Wikimédia Commons