Trump à mi-mandat

PAR DANIEL LANDRY. COLLABORATION SPÉCIALE.

Le 6 novembre 2018 auront lieu les élections de mi-mandat aux États-Unis. Ce sont les deux chambres du Congrès américain qui seront renouvelées, soit les 435 membres de la Chambre des représentants, ainsi que le tiers des membres du Sénat. Chez les démocrates comme chez les républicains, on prépare ces élections depuis des mois. Les plus cyniques d’entre nous diraient qu’ils les préparent depuis 24 mois. Et ce n’est pas totalement faux, car nos voisins sont perpétuellement en campagne électorale.

Si plusieurs opposants à Donald Trump attendent impatiemment ce moment, c’est qu’il pourrait être l’occasion d’envoyer un message clair au président et lui rappeler l’impopularité de plusieurs de ses mesures et prises de position. En moins de deux ans, Trump a réussi à bouleverser la politique étatsunienne par une fiscalité avantageant les plus riches, par ses propos xénophobes et misogynes, par sa politique étrangère digne d’un pyromane (le nucléaire, l’Iran, la Chine) et par ses attaques ininterrompues à l’endroit des médias. Cela est sans compter les faits alternatifs, les soupçons de fraude, les bris de confiance avec d’anciens collaborateurs et les relations houleuses avec de grandes institutions comme la Fed, le FBI et même le système de justice.

Heureusement, Trump est à mi-parcours et il est possible de croire que le calvaire des progressistes tire à sa fin. En effet, les démocrates pourraient faire d’importants gains lors de cette élection de mi-mandat. Ils pourraient lier les mains de Trump dans plusieurs dossiers, et ce, pour le reste de son mandat. Tout de même, sa réélection en 2020 n’est pas un scénario impossible. Et les analystes imprudents qui avaient prédit son éclatante défaite en 2016 n’oseront pas le sous-estimer une seconde fois.

En aggravant les tensions dans son pays et en ciblant des boucs émissaires responsables de tous les malheurs de l’Amérique (Mexicains, Arabes, Chinois, et même Canadiens), le controversé personnage réussit à se présenter comme le seul politicien apte à défendre les intérêts des « vrais » Américains. Il se présente comme le seul pouvant protéger la frontière, donner des emplois, éloigner le terrorisme et reconstruire la grandeur de l’Amérique.

D’ici quelques semaines, on entendra déjà parler de 2020. Les démocrates prépareront leurs primaires et devront s’assurer de ne pas répéter les erreurs de la campagne de 2016. En somme, ce parti a l’obligation de se renouveler et d’entrer dans le XXIe siècle en se présentant comme le parti à la défense des minorités et personnes opprimées. Il a le devoir de présenter des orientations claires concernant la lutte aux changements climatiques. Il a la responsabilité de faire de la politique étrangère américaine une politique d’ouverture et de dialogue pour apaiser plusieurs des tensions récemment exacerbées.

Barack Obama a su soulever les passions et l’espoir dans sa campagne de 2008. Mais les réalisations de sa présidence n’ont pas été à la hauteur des attentes démesurées à son endroit. En 2016, Bernie Sanders a quant à lui mené une campagne axée sur une critique sévère de la politique des années 2000. Il a réussi à présenter un visage ambitieux et renouvelé du parti démocrate. Mais il n’aura su battre Clinton et l’establishment du parti démocrate lors des primaires. En 2020, seule la combinaison de cet espoir et de cette ambition saura insuffler une nouvelle vie à la politique étatsunienne. Et c’est là que réside la véritable chance de battre Trump et de ne faire de sa présidence qu’un mauvais et long cauchemar de quatre ans.


Légende: Les élections de mi-mandat seront-elles l’occasion pour les opposant-e-s de Donald Trump d’envoyer un message clair et de lui rappeler l’impopularité de plusieurs de ses mesures et prises de position?