Par Alice Grinand. Collaboration spéciale.
Le 16 octobre marquait la journée mondiale de l’alimentation. Une occasion de mettre la lumière sur la faim, un problème mondial qui est en progression depuis 3 ans. Les changements climatiques pourraient rendre l’atteinte de la deuxième cible des Objectifs de Développement Durable (ODD), qui est d’éradiquer la faim d’ici 2030, très difficile.
Les chiffres, qu’ils soient annoncés par la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ou des organisations de la société civile, ne se démentent pas depuis 3 ans: la faim progresse à nouveau dans le monde. Alors que 804 millions de personnes souffraient de la faim en 2016, elles sont 821 millions en 2017.
Le rapport «L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde», publié par la FAO en 2017 identifiait les conflits comme cause principale de la recrudescence des famines. Le Yémen l’illustre bien: sous les bombes depuis 2015, l’ONU et les organisations de la société civile tirent régulièrement la sonnette d’alarme. Un rapport récent estimait à 5 millions le nombre d’enfants menacés de famine dans le pays.
Cette année, ce sont les changements climatiques qui étaient au cœur du rapport de la FAO comme cause identifiée dans la progression de la faim. Néanmoins, ils n’étaient pas absents du précédent rapport, puisque déjà la FAO soulignait le rôle des changements climatiques dans l’exacerbation des conflits. Les conflits, déjà en augmentation, pourraient se faire d’autant plus nombreux que le climat se dérègle.
Ce sont principalement les phénomènes extrêmes, comme les sécheresses, les inondations et les tempêtes tropicales qui portent atteinte à la sécurité alimentaire. Ainsi, les sécheresses sont responsables de plus de 80% des pertes et des dommages des denrées agricoles. Les phénomènes extrêmes entraînent dans leur sillage une baisse de la disponibilité des produits alimentaires, ainsi qu’une hausse de leur prix.
En outre, le secteur de l’agriculture est l’employeur principal de la planète, puisque 40% de la population mondiale en vit. En menaçant les récoltes, les changements climatiques mettent en danger le moyen de subsistance de millions de personnes sur la planète, et donc leur capacité à s’approvisionner en aliments de qualité qui subviendraient à leurs besoins nutritionnels et ceux de leurs enfants.
Mais si les changements climatiques affectent tous les pays, les plus développés subissent moins directement les conséquences des sécheresses ou des inondations pour nourrir leurs populations. Pourquoi? La spéculation financière sur les ressources agricoles, l’accaparement des terres ou la libéralisation sont des éléments de réponse.
Les 17 objectifs de développement durable du Programme de développement durable à l’horizon 2030 adopté par l’ONU en 2015, a défini comme deuxième cible l’éradication de la faim. Cet objectif paraît de plus en plus difficilement atteignable, alors qu’on estime que 2 milliards de personnes supplémentaires souffriront de la faim d’ici 2050.
La faim n’est pas une fatalité, mais elle nécessite des actions politiques et une volonté réelle d’agir contre ce fléau. Si la réponse humanitaire apportée aux famines est essentielle pour offrir une réponse de premiers secours aux populations affectées, elle ne permettra pas une solution durable. Plutôt qu’agir sur les conséquences de la faim, il faudrait peut-être viser ses causes, et notamment les changements climatiques. Ce qui nécessitera des solutions politiques concrètes et complètes.
Légende : Les changements climatiques nuisent gravement à la sécurité alimentaire mondiale. Les phénomènes extrêmes comme les sécheresses ou les inondations provoquent une baisse de la disponibilité des produits alimentaires ainsi qu’une hausse de leur prix, et mettent sur la sellette le moyen de subsistance de millions de personnes en menaçant le secteur agricole.