par alice grinand. collaboration spéciale.
Tandis que les festivités pour les 70 ans de la création de l’État d’Israël battent leur plein, le peuple palestinien commémore de son côté un événement bien plus tragique, la Nakba, ou la catastrophe. La création de l’État d’Israël en 1948 ne s’est pas faite sans heurt et s’est suivie d’un exode massif de Palestiniennes et Palestiniens, chassé-e-s de ce qui était alors leur territoire : plus de 500 villages ont été détruits par les forces armées israéliennes et elles et ils ont été plus de 700 000 personnes à devoir prendre la route, abandonnant derrière eux leurs foyers.
Qu’est-ce que la Marche du grand retour ?
La Marche du grand retour, organisée tous les ans depuis 2009 entre le 30 mars et le 15 mai, symbolise la volonté du peuple palestinien de voir respecter son droit au retour sur les terres perdues lors de la création d’Israël, droit qui leur est consacré par l’ONU depuis la Nakba. Ces marches, pacifiques et indépendantes de partis politiques, permettent de dénoncer le blocus israélien dont souffre la bande de Gaza depuis plus de 10 ans et de redonner une place à Gaza dans les médias, alors que ce petit bout de territoire est abandonné à son triste sort.
Cette année, ils étaient plusieurs dizaines de milliers à avoir participé à cette Marche du grand retour, qui s’étale sur 6 semaines. Une centaine de Gazaoui-e-s en ont perdu la vie. Le 14 mai, la répression israélienne a été particulièrement violente : 59 mort-e-s et plus de 2700 blessé-e-s. Cette journée du 14 mai, en plus de marquer les 70 ans d’Israël, inaugurait également en grande pompe l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.
Pourquoi Israël se réjouit du déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem?
Jérusalem, triplement sainte, relève d’un statut particulier, proclamé par l’ONU. Autant le peuple palestinien qu’Israël revendiquent cette ville comme capitale. Épineuse question donc, tant que le conflit israélo-palestinien, dans une impasse qui semble se creuser, n’est pas résolu. Par respect pour le statu quo de Jérusalem, les ambassades sont situées à Tel-Aviv. Le transfert de l’ambassade américaine vers la ville sainte va à l’encontre du droit international. Cette décision prise en décembre dernier, en plus de choquer profondément le peuple palestinien, avait également étéouvertement condamnée par 128 pays. Plusieurs pays africains se sont vus menacer par Washington d’une coupure de l’aide extérieure américaine s’ils condamnaient cette décision.
Et maintenant ?
Le Canada a suivi la Grande-Bretagne, la Suisse, la Belgique et l’Allemagne, qui réclament une enquête indépendante sur les violences qui viennent de se dérouler cette semaine. Amnistie International et le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU dénoncent des crimes de guerre. La Turquie qualifie l’État israélien d’apartheid et a rappelé son ambassadeur. Tandis que les États-Unis, encore à contre-courant et s’affranchissant du droit international, louaient la retenue d’Israël, tout en prétendant que Washington maintient ses efforts en vue d’un accord de paix durable. Le sang des Palestiniennes et des Palestiniens peut couler, Trump n’en a cure.
Légende: .Donald Trump ne s’est pas rendu personnellement à l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem. Néanmoins, en prenant la décision de déplacer cette ambassade, il a réduit à peau de chagrin l’espoir d’une reconnaissance des revendications palestiniennes, qui sont pourtant appuyées par le droit international.