par alice grinand. collaboration spéciale.
Noël vient de passer, les cadeaux sous le sapin sont partis...et les emballages sont partis aussi...dans la poubelle! Mais quelle réalité se cache derrière nos déchets? Depuis 1950, ce sont 6 milliards de tonnes de déchets de plastiques qui se sont accumulées sur la planète, et ce chiffre n’est pas près de dégonfler, puisqu’on estime qu’il aura doublé d’ici 30 ans. Un enjeu de taille, donc!
Les déchets sont-ils responsables de la «naissance» d’un nouveau continent ?
Dans le nord du Pacifique, aidées par les courants océaniques, des millions de tonnes de plastique se sont agrégées pour former ce que certains nomment aujourd’hui le 7e continent. Cet amas est déjà grand comme deux fois le Québec. Néanmoins, n’espérez pas fouler le sol de ce territoire en devenir: composé d’un ensemble de petites particules de plastique, ce continent de déchets n’est pas assez solide pour que l’on marche dessus. Il nous montre cependant l’ampleur du problème de la gestion des déchets, puisqu’on estime à quelque 3,5 millions de tonnes les détritus de ce continent hors normes, principalement du plastique.
Nos déchets ont-ils un impact sur les changements climatiques?
La «naissance» d’un continent de déchets prouve l’impact que nos déchets ont sur nos océans. Chaque année, ce sont 8 millions de tonnes de plastique qui finissent dans nos océans. Mais d’une façon plus globale, les déchets, tant dans leur production (celles des emballages par exemple) que dans leur transport, produisent des gaz à effet de serre, ces gaz responsables des changements climatiques. Par exemple, il est estimé que le recyclage d’une tonne de plastique permettrait d’éviter l’émission de 500 kg d’équivalent CO2, et l'utilisation d’une tonne de plastique en moins sauverait 3 tonnes d’équivalent CO2. Une économie plutôt rentable pour l’environnement.
Les déchets, un enjeu international?
Les impacts liés aux déchets, notamment leur rôle dans les changements climatiques ou le nombre de déchets qui finissent dans les eaux internationales, font de nos déchets un enjeu planétaire. De plus, certains pays, pour se débarrasser de ce problème, envoient leurs déchets sur le territoire d’autres États. Le Canada, par exemple, a expédié à Manille, aux Philippines, plus d’une cinquantaine de conteneurs remplis de déchets: câbles électriques, couches souillées ou gobelets en plastique. Arrivés en 2013 dans le port de la capitale philippine, ces conteneurs y sont toujours. Pourtant, un accord international, la Convention de Bâle, interdit aux pays riches, dont le Canada fait partie, de déverser leurs déchets dans les pays en développement, comme les Philippines.
Ou un enjeu local?
Au niveau mondial, 10% des matières plastiques sont recyclées. Au Québec, 54% des matières provenant des résidences ont été recyclées en 2015, bien en deçà de l’objectif gouvernemental des 70% de recyclage du papier, carton, verre, plastique et métal, et en perte de vitesse par rapport à l’année précédente, où ce chiffre montait à 59% en 2012. Les chiffres dépendent notamment de la matière recyclée: ainsi, si 79% du papier était recyclé en 2015, ce chiffre tombe à 18% pour ce qui concerne le plastique, et même à 14% pour le verre. Pourtant, une gestion plus efficace des déchets, qui représentaient, au Québec, 7,5% des émissions de gaz à effet de serre en 2014, serait une réponse, ou au moins une partie de réponse, aux enjeux climatiques, et permettrait d’ancrer l’économie circulaire au Québec, et de créer des richesses et des emplois...à partir de nos rebuts.