par claude lacaille.
Cet article résume des passages du récent livre de Andy Clarno, Neoliberal Apartheid : Palestine/Israel and South Africa after 1994, qui analyse l’apartheid dont est victime le peuple palestinien sous l’angle du néolibéralisme, en rappelant la dimension raciste et coloniale du capitalisme industriel.
Suite à la première intifada dans les territoires occupés en 1987 et la violente répression de l’armée, les gens d’affaires israéliens promurent un processus de paix avec les Palestiniens et la restructuration néolibérale de l’économie en crise. C’est ainsi que Yasser Arafat put rentrer d’exil et assumer la direction de l’Autorité palestinienne. Le 13 septembre 1993, à Washington, Arafat et Rabin lançaient les accords d’Oslo en présence de Bill Clinton. Ce qui apparut comme une source d’espoir pour le peuple palestinien s’est révélé un piège redoutable.
La Cisjordanie fut fragmentée; les zones A et B, moins de 40% du territoire, furent placées sous l’Autorité palestinienne alors que la zone C, qui en couvrait 60%, restait sous l’entière juridiction d’Israël. L’armée se retira des villes, entoura celles-ci de check points et d’enceintes pour contrôler les mouvements des Palestiniens. Autant en Cisjordanie que dans la bande de Gaza, les populations furent soumises au régime militaire. Israël concentra les Palestiniens dans les zones A et B pendant qu’il colonisait la zone C en confisquant des terres, en démolissant des maisons et en construisant des colonies juives. Les quelque 130 colonies implantées à ce jour comptent un demi-million de colons juifs.
Pour relier ces colonies au territoire israélien, on construisit tout un réseau de routes de contournement interdites aux Palestiniens et l’on dressa un mur élevé de séparation sur 700 kilomètres, absorbant des colonies, accaparant les puits et grugeant les terres agricoles. La bande de Gaza fut complètement bouclée et isolée : plus d’un million et demi de personnes, sur un territoire exigu, survit dans une grande prison à ciel ouvert. L’apartheid est aujourd’hui total.
Depuis les accords d’Oslo, l’économie israélienne s’est lancée en haute technologie dans les secteurs de la défense, de l’informatique, des technologies médicales et produits pharmaceutiques[i]. La demande en main d’œuvre non spécialisée en agriculture se trouvant réduite à 2% du PIB, Israël pouvait se passer des Palestiniens. L’Autorité palestinienne s’est alors vue contrainte à créer des programmes d’emplois publics pour absorber le chômage et calmer les frustrations. Les écoles et les hôpitaux, financés par les pays donateurs d’Europe, d’Amérique du Nord et du Moyen-Orient permirent de créer des emplois. Autrement, les deux sources de travail disponibles pour les Palestiniens de la Cisjordanie restent la construction des implantations de colons juifs sur les terres volées et l’engagement dans les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne qui aident Israël à supprimer la résistance à l’occupation!
Lors de la deuxième intifada entre 2000 et 2005, la résistance se militarisa. L’armée israélienne envahit alors les villes, démolit les camps de réfugiés, assassina les leaders, emprisonna par milliers les militants et patrouilla systématiquement les villes et les camps de réfugiés dans les territoires occupés. Israël se montre déterminé à coloniser tous les territoires occupés.
Le virage néolibéral en Israël a rendu la survie des Palestiniens de plus en plus précaire et exposée quotidiennement à une intense violence. C’est pourquoi de nombreuses organisations de partout dans le monde appellent à combattre cet apartheid par un boycott mondial de l’économie israélienne. Un tel boycott s’est avéré très efficace lorsqu’il s’est agi de mettre fin au régime d’apartheid sud-africain dans les années 90.
[i] Voir www.oecd.org/israel.fr
Pour plus d’informations :
Neoliberal Apartheid : Palestine/Israel and South Africa after 1994, par Andy Clarno, ed. The University of Chicago Press, Chicago and London, 2017
Pour agir :
BDS-Québec – www.bdsquebec.ca