Pourquoi deux Corées?

par claude lacaille. collaboration spéciale.


Alors que les joutes entre Pyongyang, la capitale nord-coréenne, et Washington inquiètent le monde entier, nous vous proposons de contextualiser cette escalade de tensions, pour mieux connaître ce pays dont nous ne savons pas grand-chose : la Corée du Nord.

Quel est le contexte historique de la scission des Corées ?

En 1910, le Japon annexait la Corée qu’il considérait comme le prolongement de son territoire; en 1931, il occupait la Mandchourie, territoire situé au nord-est de la Chine actuelle, et en 1937, il envahissait la Chine. Pendant 45 ans, la Corée occupée fut soumise à une répression constante et brutale. On lui imposa la culture et la langue japonaise. Or cette occupation prit fin brutalement avec la défaite du Japon le 15 août 1945 sous les bombes atomiques américaines.

Pourquoi la Corée est-elle séparée en deux?

En 1945, lors de la capitulation du Japon, Américains et Soviétiques, alliés durant la Deuxième Guerre mondiale, s’entendirent pour occuper conjointement la péninsule coréenne et repousser ainsi l’indépendance contre la volonté d’une population qui n’a jamais été consultée. Deux zones d’occupation furent délimitées par le 38e parallèle, qui constitue toujours la frontière entre les deux Corées. Au nord, les communistes coréens, avec le soutien de Moscou, mirent en place un régime marxiste avec à sa tête Kim Il-sung. Au sud, l’armée américaine propulsa Syngman Rhee qui dirigea un gouvernement avec les grands propriétaires terriens et des gens d’affaires, beaucoup d’entre eux ayant collaboré avec les occupants japonais. En 1948, deux États indépendants furent créés, qui réclamaient chacun la souveraineté sur tout le territoire : la République populaire démocratique de Corée au nord et la République de Corée au sud.

Comment se déroula la guerre de Corée de 1950 à 1953 ?

Le 25 juin 1950, 135 000 Nord-Coréens, équipés de matériel soviétique, envahissent le sud et s’emparent de Séoul, la capitale sud-coréenne. Ils s’y maintiennent durant trois mois, laissant l’armée sud-coréenne très affaiblie. Puis le 15 septembre, une coalition des Nations unies de 16 pays, dont le Canada, dirigée par les États-Unis débarque et refoulent l’armée de Kim Il-sung, quasiment jusqu’à la frontière chinoise. La Chine, communiste depuis 1949, se voyant menacée, s’implique dans le conflit aux côtés de la Corée du Nord. 1,7 million de « volontaires chinois » forcent la coalition à se replier au-delà du 38e parallèle. Après trois ans d’avancées et de replis, un pacte de non-agression mit fin aux combats (mais pas au conflit), et une zone démilitarisée (également appelée DMZ) fut établie de chaque côté de la frontière.

Quel fut le bilan de cette guerre ?

Si le pacte de non-agression mettait fin aux hostilités, un accord de paix n’a jamais été signé entre les deux pays. La zone démilitarisée autour du 38e parallèle le prouve bien, puisqu’elle n’a de démilitarisé que le nom, et représente la frontière la plus militarisée au monde.

Selon l’ONU, plus de 2,5 millions de civils ont été tués alors que le nombre de réfugiés se chiffrerait à 3 millions. Les villes ont été totalement dévastées. Les Nord-Coréens comptèrent 300 000 soldats morts, les Chinois 200 000 et la coalition 57 000 soldats morts. 26 791 Canadiens se sont battus : 515 sont morts et 1200 ont été blessés.