par claude lacaille. collaboration spéciale.
Le Comité de Solidarité/Trois-Rivières réalise de nombreux stages à l’étranger. Chaque année, l’organisme accompagne plus de 250 jeunes dans le cadre de projets de coopération internationale, et ce, en Haïti, en Bolivie, à Cuba, au Nicaragua, au Burkina Faso et au Sénégal. Ces voyages ne sont pas du tourisme humanitaire et ne prétendent pas aller, de façon paternaliste, aider les pauvres bénévolement à l’autre bout du monde. L'objectif de ces stages est avant tout de vivre une expérience interculturelle marquée par l'échange, l'apprentissage et l'ouverture sur l'autre. Laurie Chartrand, qui a réalisé un stage dans une communauté sénégalaise, écrit dans le blogue Un seul monde : « ce que je retiens de mon expérience relève bien plus de la richesse de l'échange que j'ai vécu que de la pauvreté matérielle que j'ai pu observer. » Odile Combo, Martiniquaise en stage à Trois-Rivières, résume ainsi son expérience: « Voyager c’est aller à la rencontre de l’autre, découvrir le monde autrement, c’est côtoyer une autre culture et être confronté à ce fameux choc culturel. En effet, une fois sur place, on découvre de nouveaux codes culturels qui sont différents des nôtres et qu’il faut intégrer. »
Un premier contact : savoir dire bonjour
À mon arrivée en Haïti, je me rends au centre-ville de Port-au-Prince et je m’approche d’une marchande qui échange joyeusement avec ses voisines. « Excusez-moi, madame; pourriez-vous me dire où je puis trouver ….? » Furieuse, elle me répond avec indignation : « Demandez-le à Madame Bonjour ». Interloqué, je reste bouche bée et mon visage se transforme en tomate. De retour à la maison, on me fait la leçon. J’aurais dû dire : « Bonjour, Madame. Comment allez-vous? » et ensuite, j’aurais échangé quelques mots de courtoisie avant de lui demander un service. Durant de longues randonnées à cheval dans les montagnes d’Haïti, j’ai appris à dire « Bonjour ». Les paysans et les paysannes le font avec un raffinement incroyable. On commence par héler de loin les personnes aperçues qui travaillent dans les champs. « Messieurs, dames, comment allez-vous? Et votre santé? Et vos vieux os? Et les enfants? Et la grand-mère, elle tient le coup? Prenez-en soin! » C’est un dialogue joyeux avec de parfaits inconnus qui s’étire durant plusieurs minutes. Et lorsque je repasse derrière ce groupe de personnes sur un sentier en épingle à cheveux, j’entends une femme dire : « Ah! Ce Blanc-là, ce qu’il est bien élevé! » En Amérique latine, quand on entre chez les gens, tous les enfants et ados doivent venir se présenter : « Saluda! » ordonnent les parents. Venir saluer les hôtes est l’élémentaire politesse.
Partout, les salutations sont extrêmement importantes ; on dit bonjour, tout le temps, à tout le monde, même à quelqu’un qu’on n’a jamais vu et qu’on ne reverra jamais. Dans les pays musulmans, le « As-Salam aleikum », la paix soit avec toi (à quoi on répond : « Aleikum As-Salam ») établit le contact. Lorsqu’on va à la rencontre d’un peuple, cela commence par des choses toutes simples qui nous ouvriront les portes des maisons et des cœurs. Et toujours, nous en ressortons de meilleures personnes. Bonnes vacances !