par alice grinand. collaboration spéciale.
Nombreuses des destinations touristiques les plus prisées sont directement menacées par les changements climatiques. Qui n’a pas entendu parler de ces iles idylliques qui disparaîtront bientôt de la mappemonde? Mais nul besoin de se rendre à l’autre bout du monde pour voir l’ampleur des dégâts causées par les changements climatiques. Et parfois, des lieux très prisés des touristes canadiens et québécois, qu’ils soient à l’autre bout du monde ou dans notre cour. Nos vacances ne seront plus les mêmes.
Les changements climatiques mettent en péril des sites millénaires : par exemple, le Machu Picchu, ancienne cité inca au Pérou et classé au Patrimoine mondial de l’Humanité depuis 1983, est très fragilisé. La hausse des températures entraîne, en accélérant l’évaporation, une augmentation de l’humidité, ce qui favorise les pluies diluviennes. Celles-ci entraînent avec elles coulées de boue, inondations et glissements de terrain, assombrissant l’avenir de ce symbole de la civilisation inca.
Pendulier de l’hiver, vous faites partie des quelque 3 à 4 millions de Canadiens qui aiment échapper à la rigueur du froid hivernal en fuyant vers la Floride chaque année? Votre Éden saisonnier est lui-aussi en péril : la montée des eaux risque de ravager la façade de cet État ensoleillé. C’est en effet en Floride que le plus grand nombre de villes américaines est menacé par le phénomène. Miami, par exemple, est une ville peu au-dessus du niveau de la mer, qui s’érige sur un sol calcaire, elle y est donc particulièrement vulnérable.
Nul besoin de traverser des frontières pour réaliser les dégâts des changements climatiques. Vous avez prévu de vous rendre dans les majestueuses Rocheuses? Elles ne sont pas plus épargnées : par exemple, le glacier Athabasca, en Alberta, glacier le plus visité du continent nord-américain, fond à vue d’œil, et pourrait, selon certains experts, disparaître d’ici une génération. Chaque année, ce glacier du Parc national de Jasper fond de 5 mètres. Depuis 1890, il a déjà reculé de 1,5 kilomètre! Vos enfants connaîtront peut-être la disparition de ce glacier. Les conséquences de sa fonte? Des répercussions sur les courants océaniques, le niveau des mers ou encore la pêche.
C’est notre province elle-même qui se voit menacée par les changements climatiques : des endroits prisés du Québec sont également fragilisés. Ainsi, nos bien-aimées Iles-de-la-Madeleine, qui ont attiré plus de 60 000 touristes en 2016 alors qu’ils ne sont que quelque 12 000 habitants à l’année, se voient grugées par l’érosion, du fait de la montée des eaux. Les vents et les fortes marées usent et effritent peu à peu le littoral. D’après certains spécialistes, le littoral aurait déjà reculé de 10 à 15 mètres à certains endroits.
Que pouvons-nous faire alors? Croiser les bras et attendre que ces catastrophes viennent défigurer le tourisme québécois et canadien? À l’heure où le projet d’oléoduc Energie Est risque d’éprouver nos paysages et nos rivières et, par ricochet, l’intérêt des visiteurs pour notre territoire, c’est à nous, citoyennes et citoyens, d’affirmer notre volonté de protéger notre environnement, mais aussi de repenser notre façon d’envisager nos vacances.
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Le rocher de Percé, en Gaspésie, est l’un des fleurons du tourisme québécois. Entre 60 000 et 100 000 personnes s’y rendent annuellement. Chaque année, le rocher gaspésien perdrait 300 tonnes de roches des cinq millions de tonnes qu’il compte au total. Le coupable? L’érosion, qui s’est accélérée à cause des changements climatiques.
Crédit photo : Clément Villemont