MADAGASCAR - LA GRANDE ILE EN PÉRIL

par alice grinand. collaboration spéciale.

La quatrième plus grande île du globe. Une biodiversité unique au monde : 80% des espèces végétales et 90% des espèces animales y sont endémiques : on ne les trouve nulle part ailleurs sur la planète. Un écosystème unique au monde, une richesse pour le patrimoine mondial. Mais grandement menacé par les changements climatiques.

Malgré les apparences, Madagascar n’est pas un paradis sur terre. La Grande Île, dont la population souffre déjà d’une très grande pauvreté, va de drame en drame. Dans un pays où plus de 90% de la population vit avec moins de 2$ par jour, les trois années de sécheresse que vient de connaître le sud du pays ont laissé la population exsangue : 850 000 personnes souffrent de la faim, et 550 000 autres sont en état d’insécurité alimentaire.

Les aléas climatiques n’épargnent pas les 23 millions d’habitants qui peuplent le pays : ainsi, un cyclone a balayé le nord de Madagascar le 7 mars 2017, laissant derrière lui au moins 50 morts et 176 000 sinistrés. Ou encore plus récemment, un glissement de terrain dans le nord-est du pays, à imputer aux pluies diluviennes saisonnières, a emporté avec lui la vie de 8 personnes.

La situation n’est pas prête de s’améliorer. Le pays est membre du V20, qui réunit les 20 pays les plus vulnérables aux changements climatiques. L’Ile Rouge est dans le peloton de tête. Ce n’est malheureusement pas la santé économique du pays qui lui permettra de relever seul le défi de sa résilience.

Pourtant, les enjeux sont vitaux : selon les prévisions, le nombre et la force des cyclones et des inondations qui touchent la façade est de Madagascar devraient augmenter dans les prochaines années, tandis que les températures du sud-ouest de l’île devraient se réchauffer, augmentant ainsi la sévérité des sécheresses. Les conséquences, déjà dramatiques, n’en seront que plus catastrophiques : elles compromettront l’accès à l’eau potable et aux denrées alimentaires, ou favoriseront la propagation d’épidémies.

La culture du riz, qui constitue la base alimentaire de la majorité de la population malgache, est par exemple mise à mal : que ce soit par les inondations, qui font pourrir les cultures, ou les sécheresses, qui les rendent impossibles ou brûlent les récoltes. La raréfaction des ressources en fait exploser les prix, alors que l’insécurité alimentaire règne déjà. La Grande Île affiche déjà l’un des taux les plus élevés de retard de croissance chez les enfants : ils sont près d’un million à être atteints de malnutrition aiguë.

La population malgache est frappée de plein fouet par le réchauffement climatique. Pourtant le pays n’émet que 0,2% des gaz à effet de serre dans le monde, l’un des principaux facteurs des changements climatiques, tandis que les États-Unis, par exemple, en émettent 20%. À l’heure où le président Donald Trump affiche son climato-scepticisme sans rougir et menace de sortir les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, il est temps que chacun prenne ses responsabilités pour éviter qu’un fardeau supplémentaire incombe encore une fois aux populations les plus pauvres de la planète.