par claude lacaille. Collaboration spéciale
Version complète de l'article publié dans Le Nouvelliste du 25 février 2017
Une rencontre avait lieu le 15 février à la Maison blanche entre le président Trump et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou : sourires et familiarités médiatisées et réaffirmation de l’éternelle alliance entre les États-Unis et Israël.
On a beaucoup allégué les relations tendues entre Obama et le premier ministre israélien, mais pourtant, au-delà de la rhétorique, Obama a fourni à Israël une aide militaire de 38 milliards $ juste avant le terminer son mandat. Il s’agit du plus grand engagement d’aide militaire bilatérale dans l’histoire des États-Unis. Depuis 1948, les États-Unis ont armé Israël pour défendre leurs intérêts dans le Moyen-Orient et cela se poursuit.
Jusqu’à présent, le discours tenu par la communauté internationale et particulièrement par Washington a été de promouvoir en Palestine la création de deux États indépendants, l’un Juif et l’autre Palestinien, vivant en paix côte à côte. Dans les faits, Israël a joué le jeu tout en violant constamment les lois internationales par la construction de colonies dans les territoires occupés où maintenant vivent plus de 500 000 Israéliens. Ces colonies illégales ont grugé le territoire de ce qui devrait devenir un État palestinien et font en sorte que la solution des deux États devient de plus en plus irréalisable.
AVEC TRUMP, TOUT ISRAËL PARLE D’ANNEXION. POURQUOI?
Trump a souligné à son allié israélien que les colonies n’étaient pas bonnes pour la paix. Néanmoins, les colons israéliens savent pertinemment qu’ils ont son appui et, en conséquence, depuis les élections américaines, le thème de l’annexion d’une partie des territoires occupés est devenu récurrent dans les discours politiques au parlement et dans les médias d’Israël.
Cela consisterait à étendre la souveraineté d’Israël à la Cisjordanie conquise et occupée militairement en 1967; là justement où les Palestiniens désirent former un État indépendant. Les Palestiniens vivant dans ces terres, deviendraient ainsi des citoyens d’Israël, ce qu’ils refuseraient d’emblée et la droite radicale nationaliste israélienne ne saurait le tolérer. « Annexer la Cisjordanie impliquerait d’accorder à ces derniers les mêmes droits que les Israéliens, y compris celui de voter, ce qui ouvrirait une longue bataille pour une égalité réelle dans le futur État commun. En cas de refus, l’État unique s’afficherait clairement comme une variante de l’apartheid sud-africain, un seul peuple s’arrogeant tous les droits », écrit Dominique Vidal dans l’édition de février du Monde diplomatique.
Il est évident que l’élection de Trump a électrisé le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël, et la montée des sionistes extrémistes fait craindre le pire. « Avec Trump, tout Israël parle d’annexion. Pourquoi? » , se demande Naomi Zeveloff, journaliste juive indépendante au journal Forward de New-York. Lors de la création d’Israël en 1948, 850 000 Palestiniens ont été chassés de leurs terres et condamnés à l’exil; cela représentait alors les quatre cinquième de la population de l’État d’Israël. Un tel sinistre scénario pourrait être envisagé : expurger des territoires occupés (et même d’Israël) la population palestinienne et constituer un État juif raciste et théocratique. L’exemple de la Syrie montre que de telles aberrations sont encore possibles aujourd’hui : en quelques années de conflit, plus de 8 millions de civils ont dû quitter le pays.
Il est urgent de prendre conscience de la gravité de la situation dans cette région tourmentée et de réviser l’appui inconditionnel que nous accordons aux gouvernements israéliens sans exiger de leur part le respect du droit international ainsi que des droits collectifs et individuels des populations qui subissent une occupation militaire brutale depuis maintenant 50 ans. Sinon nous risquons d’assister à la réédition de catastrophes par trop prévisibles. Le peuple palestinien réclame notre solidarité.
Crédit photo: Rusty Stewart - Flickr.com