Chaque printemps, le Stockholm international peace research institute (SIPRI) publie son rapport annuel dans lequel il dresse la liste des pays en fonction du volume de leurs dépenses militaires de l’année précédente. Chaque fois, les chiffres font sursauter.
Dans son dernier rapport publié à la mi-avril, le SIPRI estime qu’en 2014, 1800 milliards$ ont été engloutis en dépenses militaires dans le monde. Sans surprise, ce sont les États-Unis qui ont le plus gros budget militaire avec 610 milliards$, soit environ le tiers du total mondial. Même en baisse de 6,5% par rapport à l’année précédente, cet énorme budget militaire fait en sorte que la société étatsunienne est une des plus militarisées au monde. En effet, ce pays consacre 3,5% de son PIB (produit intérieur brut) aux dépenses militaires. En comparaison, la France y consacre 2,1% et l’Irlande 0,5%. Au Canada, le gouvernement consacre environ 19,3 milliards$ par année en dépenses militaires, ce qui équivaut à 1% de son PIB. À l’autre extrémité, Israël en consacre 5,2%, et le royaume d’Arabie Saoudite, un invraisemblable pourcentage de 10,4%.
Au-delà des chiffres
Des chiffres d’une telle ampleur ne veulent pas dire grand-chose si on ne les met pas en contexte. Ainsi, la somme de 19 milliards$ que le gouvernement canadien choisit de consacrer en dépenses militaires représente environ 53 millions$ par jour, ou encore 36 800$ par minute, alors qu’une personne au salaire minimum va gagner moins de 22 000$ par année en travaillant 40 heures par semaines. En baissant d’un seul milliard ses dépenses militaires, le gouvernement canadien pourrait financer ici 125 000 places en garderie, ou la construction de 15 150 logements sociaux. Avec la même somme, il pourrait contribuer à la construction d’environ 50 hôpitaux en Afrique.
Alors que plusieurs affirment que les dépenses militaires sont justifiées parce qu’elles créent de l’emploi et de l’activité économique, une étude réalisée en 2009 par des chercheurs de l’université du Massachusetts révèle qu’un milliard $ d’investissement public dans l’industrie militaire crée environ 9600 emplois alors que le même milliard $ investi en santé crée 12 900 emplois. S’il est investi en éducation, ce sera 17 700 emplois, et dans les transports publics, environ 19 800 emplois.
Une question de priorités
En 2015, la Terre abrite près d’un milliard d’affamés. Plus de 2 milliards d’humains vivent avec moins de 2$ par jour, et chaque jour, plus de 50 000 personnes meurent de causes liées à la pauvreté. Près de 900 000 Canadiens utilisent les services d’une banque alimentaire…chaque mois. Tout cela est préoccupant, surtout quand on sait que selon l’ONU, un cinquième seulement des dépenses militaires mondiales pourrait combler les besoins sociaux de base sur toute la planète. On parle ici des soins de santé primaires, de l’élimination de la pauvreté, de l’accès à l’éducation et à l’eau potable. Et en prime, le grave problème des changements climatiques serait aussi réglé. Il ne manque que la volonté politique.
Pour en savoir plus
Comité de Solidarité/Trois-Rivières
SIPRI