Tout le monde a entendu parler de Boko Haram, ce groupe armé djihadiste qui sévit dans le nord-est du Nigéria, de même qu’à l’intérieur des frontières des pays voisins. On lui attribue depuis 2009 de multiples enlèvements de jeunes filles, plus de 10000 morts, en très grande majorité des musulmans, et plus de 600 000 déplacés. Comment mettre fin à tout cela? Et y a-t-il un danger que cette guerre dégénère en un conflit plus important?
D’où vient Boko Haram?
Boko Haram est né en 2002 au Nigéria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 175 millions d’habitants. Bien que le Nigéria connaisse un développement économique accéléré grâce à l’exploitation du pétrole, le pays est aux prises avec de graves problèmes d’inégalités et une corruption endémique selon l’organisme Transparency International. Soixante-dix pour cent de la population vit dans la pauvreté. Cette situation est encore plus dramatique dans le nord-est, la région d’origine des combattants de Boko Haram. Par ailleurs, la marginalisation socio-économique et politique des habitants du nord-est serait un facteur expliquant l’émergence de ce groupe extrémiste.
Que veut Boko Haram?
Le nom de Boko Haram signifie à peu de chose près «refus du savoir trompeur de l’Occident». Les militants de Boko Haram font porter à l’enseignement occidental, qu’ils considèrent comme corrompu et trompeur, la plupart des maux qui les affectent et qui freinent l’épanouissement de l’Islam, de même que leurs revendications politiques.
Le leader du groupe, Aboubakr Shekau, souhaiterait rétablir l’empire historique de Kanem-Bornu, présent autour du Lac Tchad jusqu’au 19e siècle et à l’intérieur duquel la charia s’appliquerait. Pour y parvenir, Boko Haram utilise des moyens d’une violence extrême: massacre de populations, villages entiers incendiés, enlèvement de jeunes filles pour en faire des esclaves. Son financement provient de nombreux trafics illicites dans la région du lac Tchad et de rançons obtenues suite à des enlèvements. Ce qui lui permet de se procurer des armes en plus de celles pillées dans les casernes de l’armée nigériane.
Comment en venir à bout?
Même si Boko Haram n’ambitionne pas de s’internationaliser, il n’en reste pas moins que l’action du groupe a des conséquences dramatiques pour les populations civiles vivant dans le nord-est du Nigéria et aux environs du lac Tchad. L’armée du Nigéria, en théorie la plus puissante d’Afrique, a échoué jusqu’à maintenant à contrôler la progression et les exactions de BokoHaram. Corrompue, mal entraînée et peu motivée, elle a été contrainte d’accepter l’intervention du Tchad, du Cameroun et du Niger, exaspérés des intrusions meurtrières du groupe sur leurs territoires respectifs. Si, à court terme, les autorités de ces pays n’ont pas le choix de coordonner leurs interventions militaires pour mettre fin aux atrocités de Boko Haram, la résolution durable du drame vécu par les populations affectées par ce conflit réside dans l’amélioration de conditions de vie des habitants du nord-est du Nigéria. Une amélioration tout à fait possible à condition d’endiguer la corruption et de réduire les inégalités en assurant un meilleur partage des revenus pétroliers.
Pour en savoir plus
Centre d’études et de recherches internationales de l’UdeM