Indépendant du Soudan depuis à peine trois ans, après une guerre qui aura duré 16 années, le Soudan du Sud vit une autre catastrophe depuis six mois. C'est le plus jeune pays du monde et c'est aussi celui qui connaît l'une des plus graves crises. Selon Oxfam, la guerre la famine et le choléra menacent désormais des millions de Sud-Soudanais. Un drame aussi effroyable dans lequel une population est si grandement touchée passe pourtant presque inaperçu dans l’actualité…
L’origine du conflit
Le conflit sud-soudanais, qui a déjà fait des milliers de morts et près de 900000 déplacés, a éclaté le 15décembre dernier dans la capitale Juba, avant de rapidement s'étendre à d'autres régions du pays. Les causes du conflit sont multiples. D’abord la rivalité entre le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar, qui avaient pourtant combattu ensemble pour l’indépendance du pays face aux autorités du Soudan.
Mais de vieilles rancunes entre les deux principales ethnies du pays, les Dinkas (dont est issu SalvaKiir) et les Nuers (auquel appartient RiekMachar) ont ressurgi et attisés les braises du conflit. Les combats se sont accompagnés d’atrocités et de massacres contre l'une ou l'autre des ethnies. Selon la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (Minuss), «Les civils n'ont pas seulement été pris dans les violences, ils ont été délibérément visés, sur des critères ethniques. Toutes les parties au conflit ont commis des viols et des violences sexuelles contre des femmes de groupes ethniques différents».
Famine et choléra
Selon l'ONU, près de 4 millions de Sud-soudanais sont actuellement menacés par la faim. Pour sa part,l’Unicef affirme que quelque 250000 enfants risquent de souffrir de malnutrition sévère d'ici la fin de l'année et que 50000 pourraient en mourir. Une épidémie de choléra est à craindre alors que jusqu’à maintenant, 19 cas - dont un mortel - ont été enregistrés à Juba, où près de 32000 personnes terrifiées, craignant d'être visées en raison de leur appartenance ethnique, s'entassent dans des bases de l'ONU dans des conditions difficiles.
La valeur de la vie des Soudanais
Jusqu’à maintenant, la réaction de la communauté internationale a été plutôt timide face à cette catastrophe humanitaire et rappelle même celle qui a prévalu lors du massacre de 800000 Rwandais en 1994. Plusieurs voix s’élèvent aujourd’hui pour exiger que davantage d’efforts soient faits pour sauver les milliers de Sud-Soudanais qui risquent de mourir à cause des combats, de la famine ou des maladies. Ils sont nombreux à rappeler que c’est justement l’argument consistant à «sauver des vies» qui a été utilisé par les pays riches pour obtenir l’appui de leur opinion publique et intervenir rapidement à coup de dizaines ou centaines de milliards$ en Afghanistan, en Irak, ou en Libye au cours des dernières années. Il est possible que ces dernières interventions militaires – aux résultats douteux selon plusieurs – cachent aussi des motivations géostratégiques, mais il est difficile de justifier que la vie de milliers de personnes au Soudan du Sud et ailleurs dans le monde vaille moins que d’autres.
Pour en savoir plus
Nations Unies
Jeune Afrique