Six mois après le début de l'intervention militaire française au Malipour chasser les jihadistes du nord du pays, les Maliens sont appelés à choisir leur nouveau président ce dimanche 28 juillet.
Pourquoi des élections?
En moins de deux ans, le Mali a connu une rébellion touareg, un coup d'État militaire, une partition de fait de son territoire, une occupation par des groupesarmés, et une intervention militaire étrangère. Cette présidentielle doit sceller la «réconciliation» d'un Mali divisé et rétablir l'ordre constitutionnel interrompu par le coup d'État militaire du 22 mars 2012 qui avait renversé le président élu Amadou Toumani Touré. La France, l'ONU et le régime de transition au pouvoir à Bamako avaient insisté sur la nécessité d'un vote sur l'ensemble du territoire national afin que le nouveau président élu ait la crédibilité indispensable au redressement et à la réconciliation d'un pays profondément divisé.
Un processus imparfait
Les doutes sur la possibilité d'organiser l'élection dans le nord du Mali grandissent. La région ne compte que 37000 électeurs (sur près de 6,8 millions) et ne ferait donc pas basculer les résultats. «En nombre d'électeurs, elle représente à peine un quartier de Bamako, reconnaît Tiébilé Dramé, mais l'enjeu est politique.»M. Dramé, candidat à la présidentielle, s'est retiré de la course le 18 juillet dernier pour protester contre un processus électoral qu'il juge précipité et trop imparfait. «Vouloir maintenir la date du 28 juillet, c'est priver de nombreux Maliens de leur droit de vote», a-t-il ajouté. Sa décision a surpris puisqu'il a été l'un des artisans de l'accord de paix d'Ouagadougou, signé le 18 juin entre le pouvoir malien et les groupes touareg rebelles, justement pour permettre la tenue de la présidentielle.
Les quelque 6830 000 cartes électorales risquent de ne pas être distribuées à temps dans d'autres régions. Le 18 juillet, un document officiel des organisateurs de l'élection soulignait que le taux de remise des cartes était d'environ 60%. Les modalités de vote pour les déplacés et réfugiés restent floues, en particulier dans les immenses camps au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie. Il s'agit de plus de 500 000 personnes ayant le droit de voter.
Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré ainsi que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont prévenu d'avance: cette élection présidentielle sera imparfaite, mais il faudra en accepter les résultats. Comme si une élection démocratique pouvait souffrir de quelques écarts.
Le Mali en quelques chiffres
Le Mali, officiellement République du Mali, est un pays d'Afrique de l'Ouest, frontalier de la Mauritanie et de l'Algérie au nord, du Niger à l'est, du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire au sud, de la Guinée au sud-ouest et du Sénégal à l'ouest.
Population: 15 millions d'habitants
Espérance de vie: 53 ans
Indice du développement humain: 182 sur 187 pays